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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Archéologie cognitive : <strong>de</strong> la matière à l’esprit<br />

167<br />

Le <strong>contrôle</strong> moteur <strong>de</strong> la langue et <strong>de</strong> la respiration<br />

À la périphérie d’une cognition « incarnée » dans son substrat biologique,<br />

l’évolution du <strong>contrôle</strong> <strong>de</strong> certains muscles peut être pertinente pour l’étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> facultés cognitives comme le langage. Le <strong>contrôle</strong> <strong>de</strong> la langue et <strong>de</strong> la<br />

respiration a été abordé ces <strong>de</strong>rnières années.<br />

C’est un article <strong>de</strong> Kay et al. en 1998 qui a fait pour la première fois du<br />

<strong>contrôle</strong> moteur <strong>de</strong> la langue un indice physiologique <strong>de</strong> la mise en place du<br />

langage articulé (Kay et al., 1998). Son argumentaire repose sur la complexité<br />

<strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> la langue nécessaires à la production <strong>de</strong>s sons tels que<br />

nous les observons aujourd’hui dans les langues du mon<strong>de</strong>, et le bon <strong>contrôle</strong><br />

moteur qu’elle requiert. L’idée principale est qu’une mise en évi<strong>de</strong>nce du<br />

développement du <strong>contrôle</strong> <strong>de</strong> la langue au cours <strong>de</strong> la préhistoire à une<br />

époque et/ou pour une espèce donnée trahit la mise en place d’un système <strong>de</strong><br />

communication proche du nôtre dans la forme, et peut-être dès lors également<br />

dans les contenus.<br />

L’innervation et le <strong>contrôle</strong> <strong>de</strong> la langue sont réalisés par l’entremise du<br />

nerf crânien numéro XII ; une première hypothèse raisonnable est l’existence<br />

d’une corrélation positive entre la taille <strong>de</strong> ce nerf et la qualité du <strong>contrôle</strong> <strong>de</strong><br />

la langue, et les auteurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> présentent <strong>de</strong>s comparaisons entre grands<br />

singes et humains allant dans ce sens. Le problème est toutefois <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à<br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce nerf pour <strong>de</strong>s espèces du passé, alors qu’il disparaît très rapi<strong>de</strong>ment<br />

à la mort <strong>de</strong> l’animal qui l’abrite – humain, pré-humain ou non-humain.<br />

Dans ce cas précis, la nécessité du passage du nerf à travers le plancher <strong>de</strong> la<br />

boîte crânienne pour atteindre la langue tombe à point nommé : un petit orifice<br />

dans la base du crâne, appelé canal hypoglosse, permet en effet le passage du<br />

nerf, et se laisse mesurer sur certains restes fossiles. Les auteurs mettent en<br />

avant l’existence d’une corrélation positive entre la taille du nerf et la taille du<br />

canal hypoglosse ; ils adossent cette proposition sur <strong>de</strong>s séries <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s<br />

différents diamètres chez <strong>de</strong>s sujets humains et non-humains. Cette <strong>de</strong>uxième<br />

corrélation en place, ils mesurent alors les canaux hypoglosses <strong>de</strong> différents<br />

fossiles d’Australopithèques, d’Homo habilis et d’Hommes <strong>de</strong> Néan<strong>de</strong>rtal.<br />

Un accroissement du diamètre est ainsi mis en évi<strong>de</strong>nce chez Homo sapiens et<br />

l’Homme <strong>de</strong> Néan<strong>de</strong>rtal, qui se démarquent <strong>de</strong>s autres espèces. Ce développement<br />

est interprété comme un signe <strong>de</strong> la mise en place d’un système <strong>de</strong><br />

communication articulé complexe uniquement chez ces <strong>de</strong>ux espèces, et non<br />

auparavant.<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Le schéma épistémique en plusieurs étapes évoqué précé<strong>de</strong>mment apparaît<br />

clairement dans cette étu<strong>de</strong>. Illustration <strong>de</strong>s risques qu’il engendre, cette<br />

<strong>de</strong>rnière s’est révélée erronée. En effet, une secon<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> (DeGusta et al.,<br />

1999) est venue remettre en cause les <strong>de</strong>ux corrélations positives nécessaires<br />

à l’établissement <strong>de</strong>s conclusions <strong>de</strong> Kay et confrères. Cette difficulté a été

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