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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Linguistique et Évolution<br />

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en question récemment (McBrearty & Brooks, 2000) sur la base <strong>de</strong> l’argument<br />

selon lequel l’absence <strong>de</strong> données sur <strong>de</strong> tels développements technologiques<br />

et culturels avant 60 000 ans ne peut équivaloir à la démonstration <strong>de</strong> l’absence<br />

<strong>de</strong> ces développements. Qui plus est, les données disponibles et largement<br />

européennes coïnci<strong>de</strong>nt dans le temps avec la colonisation par Homo Sapiens<br />

Sapiens du continent européen et <strong>de</strong> l’Asie, ce qui suggère qu’Homo Sapiens a<br />

apporté sa culture avec lui <strong>de</strong>puis l’Afrique et qu’elle existait donc déjà. Enfin,<br />

l’absence <strong>de</strong> données sur l’Afrique s’expliquerait par le fait que les recherches<br />

archéologiques se sont largement concentrées sur l’Europe et l’Asie. De ce<br />

point <strong>de</strong> vue, on pourrait donc supposer que l’apparition du langage, si elle<br />

est effectivement liée au développement technologique et symbolique décrit<br />

ci-<strong>de</strong>ssus, est contemporaine <strong>de</strong> l’apparition d’Homo Sapiens Sapiens, les Sapiens<br />

archaïques ne manifestant pas le même développement culturel.<br />

Cependant, Nean<strong>de</strong>rthalis semble très loin du développement culturel<br />

typique <strong>de</strong> Sapiens Sapiens (Mithen, 1996). On peut donc, si on admet le lien<br />

entre langage et développement culturel, dater l’apparition du langage soit <strong>de</strong><br />

l’apparition <strong>de</strong> la lignée Sapiens Sapiens (il y a environ 150 000 ans) si l’on rejette<br />

la notion <strong>de</strong> révolution paléolithique, soit <strong>de</strong> la révolution paléolithique (si on<br />

accepte qu’elle a eu lieu). On remarquera que la secon<strong>de</strong> hypothèse suppose<br />

un hiatus d’au moins 90 000 ans entre l’apparition <strong>de</strong> l’espèce humaine et celle<br />

du langage, hiatus qui <strong>de</strong>vrait donc être expliqué. Dans la première hypothèse,<br />

l’apparition du langage coïnci<strong>de</strong> avec une mutation biologique déterminée<br />

et qui semble spécifique à l’espèce humaine : les mutations du gène FOXP2<br />

spécifique à l’espèce humaine. Nous allons maintenant rapi<strong>de</strong>ment passer en<br />

revue les différentes hypothèses sur l’évolution du langage.<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Les hypothèses sociales<br />

Comme on l’a vu, les données archéologiques fournissent <strong>de</strong>s renseignements<br />

indispensables, mais néanmoins insuffisants pour éclairer la question<br />

<strong>de</strong> l’émergence du langage. Les hypothèses récentes sur cette question s’appuient<br />

sur l’idée selon laquelle les êtres humains sont, comme la plupart <strong>de</strong>s<br />

primates, une espèce sociale. De fait, bien que l’augmentation du volume<br />

cérébral 4 soit bien plus importante chez l’homme que chez les autres espèces<br />

<strong>de</strong> primates, on remarque que cette augmentation existe déjà chez les espèces<br />

<strong>de</strong> primates (les pro-simiens exceptés) relativement aux autres espèces <strong>de</strong><br />

mammifères (mis à part les mammifères marins). On a expliqué l’augmentation<br />

du volume cérébral, et notamment celle du néocortex, <strong>de</strong>s primates à partir<br />

<strong>de</strong> leur organisation sociale (Dunbar, 1993, 1996, 2004) : les primates vivent en<br />

4. Très grossièrement, la notion <strong>de</strong> volume cérébral est relativisée à la taille <strong>de</strong>s membres<br />

<strong>de</strong> l’espèce concernée : le volume cérébral humain est beaucoup plus important<br />

que l’on ne peut le prévoir à partir du ratio volume cérébral/taille corporelle chez les<br />

autres espèces <strong>de</strong> mammifères, y compris les autres primates.

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