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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Psychologie évolutionniste et sciences sociales<br />

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tout-puissants gardiens <strong>de</strong> la morale ou <strong>de</strong>s forces impersonnelles comme<br />

la <strong>de</strong>stinée. Comme le dit Pascal Boyer : « La religion n’est pas le fon<strong>de</strong>ment<br />

<strong>de</strong> la morale, ce sont les intuitions morales qui ren<strong>de</strong>nt la religion plausible »<br />

(Boyer, 2001 : 168). Le sens moral ne produit pas directement la croyance en<br />

<strong>de</strong>s entités surnaturelles, c’est la façon dont fonctionne notre sens moral qui<br />

rend attrayante l’idée en <strong>de</strong>s entités surnaturelles.<br />

Bien sûr, ces idées ne s’imposent pas uniquement pour <strong>de</strong>s raisons psychologiques.<br />

Elles doivent également être accompagnées d’une certaine autorité ou<br />

être en accord avec d’autres croyances. Cependant, l’existence d’une disposition<br />

morale joue un rôle, parmi d’autres facteurs psychologiques et environnementaux,<br />

dans l’explication <strong>de</strong> croyances en l’existence d’entités surnaturelles<br />

punissant ceux qui agissent mal.<br />

Considérons un autre exemple. Lors <strong>de</strong> son séjour chez les Azandés, Edward<br />

Evans-Pritchard fut confronté à l’effondrement d’une maison rongée par les<br />

termites (Evans-Pritchard, 1937). Les Azandés se mirent tout <strong>de</strong> suite à rechercher<br />

le sorcier coupable d’un tel acci<strong>de</strong>nt. Lorsqu’Evans-Pritchard fit remarquer que<br />

l’effondrement avait été provoqué par les termites, ses compagnons Azandés<br />

acquiescèrent mais lui firent remarquer que cela n’expliquait pas pourquoi<br />

la maison s’était effondrée à ce moment précis, et sur ces personnes précises.<br />

L’intuition que les événements improbables requièrent une explication n’est<br />

pas propre aux Azandés (comment caractériser cette intuition En quoi s’agit-il<br />

d’un dispositif adaptatif ). Il arrive à tout un chacun d’être frappé par une<br />

coïnci<strong>de</strong>nce ou un événement extrêmement improbable. Dans ces circonstances,<br />

nous ne sommes plus satisfaits <strong>de</strong> l’idée qu’il n’y a là rien d’autres que<br />

<strong>de</strong> la chance. La constitution <strong>de</strong> notre cerveau rend alors pertinente toute<br />

explication <strong>de</strong> cette coïnci<strong>de</strong>nce. L’explication par la sorcellerie, très répandue<br />

chez les Azandés, en est une possibilité. Là encore, « la religion n’explique pas<br />

le malheur, c’est la façon dont les gens considèrent les malheurs qui rend la<br />

religion facile à adopter » (Boyer, 2001). Remarquons que la sorcellerie n’est<br />

qu’une explication du malheur parmi d’autres. Dans certaines cultures, les<br />

explications du malheur font intervenir la magie. C’est par exemple la violation<br />

d’un tabou qui explique une maladie ou une catastrophe naturelle. L’esprit<br />

ne détermine donc pas le contenu <strong>de</strong> la croyance. Il rend cependant certaines<br />

croyances plus attrayantes que d’autres.<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Notre disposition à gérer notre réputation concourt sans doute <strong>de</strong> la même<br />

manière à rendre pertinentes les croyances à propos d’êtres surnaturels qui<br />

surveilleraient nos actions. En effet, lorsque nous agissons d’une manière que<br />

les autres désapprouveraient, nous sommes inquiets à l’idée qu’ils le découvrent<br />

et qu’ils aient une mauvaise opinion <strong>de</strong> nous. L’activation <strong>de</strong> notre disposition<br />

à la réputation nous conduit à la plus gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce, voire à une légère<br />

paranoïa. Nous interprétons par exemple un haussement <strong>de</strong> sourcil comme un<br />

reproche ou un sourire comme une moquerie. Ce comportement est fonctionnel :

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