Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS
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76 Dalida Bovet<br />
position sur l’échelle phylogénétique. De plus, ces étu<strong>de</strong>s ont généralement<br />
lieu en laboratoire en utilisant <strong>de</strong>s stimuli et <strong>de</strong>s tâches artificielles bien loin<br />
<strong>de</strong> celles que les animaux peuvent rencontrer dans la nature. On risque alors,<br />
comme nous l’avons déjà indiqué, <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s différences entre espèces qui<br />
sont liées aux protocoles utilisés plutôt qu’à <strong>de</strong>s différences dans les capacités<br />
cognitives ou même <strong>de</strong> passer à côté <strong>de</strong> certaines capacités. Même l’association<br />
stimulus-récompense qui paraît si logique ne l’est pas forcément dans la<br />
nature : les animaux se nourrissant d’une ressource ayant tendance à s’épuiser,<br />
comme les oiseaux-mouches qui boivent le nectar <strong>de</strong>s fleurs, apprendront<br />
plus facilement une stratégie dite win-shift, consistant à ne pas retourner tout<br />
<strong>de</strong> suite dans un lieu où ils ont trouvé <strong>de</strong> la nourriture, qu’une stratégie dite<br />
win-stay consistant à retourner là où <strong>de</strong> la nourriture a été trouvée (Cole et al.,<br />
1982). C’est l’inverse chez d’autres animaux comme les oiseaux insectivores<br />
se nourrissant <strong>de</strong> proies ayant tendance à se trouver au même endroit, qui<br />
privilégieront la stratégie win-stay. Les échidnés, mammifères insectivores<br />
d’Australie couverts d’épines, mangent <strong>de</strong>s proies (fourmis et termites) libérant<br />
<strong>de</strong>s substances toxiques après quelques minutes, et ils apprennent plus<br />
facilement à changer d’endroit qu’à retourner au même endroit dans les 90<br />
minutes qui suivent l’obtention d’une récompense (Burke et al., 2002).<br />
L’éthologie cognitive étudie les pressions <strong>de</strong> sélection qui favorisent le développement<br />
<strong>de</strong> l’intelligence <strong>de</strong> certaines espèces ; en effet, <strong>de</strong> la même façon<br />
que la morphologie et la physiologie <strong>de</strong> l’animal sont adaptées à son milieu<br />
et à son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie, le cerveau <strong>de</strong> chaque espèce doit l’être aussi (voir aussi<br />
chapitre 1). L’éthologie cognitive suggère donc qu’il faut poser aux animaux<br />
<strong>de</strong>s problèmes proches <strong>de</strong> ceux qu’ils rencontreraient dans la nature pour avoir<br />
une pleine idée <strong>de</strong> leurs capacités cognitives. Une illustration frappante en<br />
est donnée par Balda et Kamil (2002) qui ont comparé trois espèces <strong>de</strong> geais<br />
et une espèce <strong>de</strong> casse-noix (tous sont <strong>de</strong>s corvidés) en utilisant, soit <strong>de</strong>s tests<br />
impliquant une mémoire spatiale (lors <strong>de</strong>squels les oiseaux <strong>de</strong>vaient retrouver<br />
<strong>de</strong>s graines qu’ils avaient cachées ou se souvenir <strong>de</strong> l’emplacement d’une<br />
récompense), soit <strong>de</strong>s tests liés à la cognition sociale (lors <strong>de</strong>squels un oiseau<br />
<strong>de</strong>vait observer un congénère cacher <strong>de</strong>s graines puis les retrouver, apprendre<br />
une nouvelle tâche en observant un autre oiseau, ou encore réaliser <strong>de</strong>s<br />
inférences transitives). Les corvidés qui ont l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cacher <strong>de</strong>s graines<br />
en gran<strong>de</strong> quantité (car ils vivent en altitu<strong>de</strong> et leurs ressources alimentaires<br />
se raréfient en hiver) ont obtenu <strong>de</strong> meilleures performances aux tests <strong>de</strong><br />
mémoire spatiale que les autres. D’autre part, les espèces vivant en grands<br />
groupes sociaux ont mieux réussi les tests <strong>de</strong> cognition sociale que celles vivant<br />
en couple ou en famille. Il est fréquent d’observer <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> mémoire<br />
liées aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie : par exemple, les mésanges nonettes qui cachent <strong>de</strong>s<br />
graines ont <strong>de</strong> meilleures performances dans une tâche consistant à retourner<br />
à une mangeoire dans laquelle elles ont trouvé <strong>de</strong> la nourriture lors d’un essai<br />
précé<strong>de</strong>nt que les mésanges bleues qui ne cachent pas <strong>de</strong> nourriture (Clayton,<br />
<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong>