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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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214 Anne Reboul<br />

termes <strong>de</strong> traits. Dans cette optique, le processus d’abstraction (plus on monte<br />

dans la hiérarchie, plus les concepts sont abstraits) s’expliquerait directement<br />

par un processus <strong>de</strong> soustraction et le processus <strong>de</strong> concrétisation (plus on<br />

<strong>de</strong>scend dans la hiérarchie, plus les concepts sont concrets) par un processus<br />

d’addition. De ce point <strong>de</strong> vue, si l’on prend au sérieux la notion <strong>de</strong> niveau<br />

<strong>de</strong> base, on peut supposer que c’est le niveau naturel <strong>de</strong> la catégorisation,<br />

correspondant à un équilibre perceptuel (Han & Chater, 1997), les hiérarchies<br />

conceptuelles étant construites, vers les niveaux subordonnés, par addition<br />

<strong>de</strong> traits, alors qu’elles seraient construites, vers les niveaux super-ordonnés,<br />

par soustraction <strong>de</strong> traits.<br />

En bref, selon une théorie en termes <strong>de</strong> traits, la catégorisation se fait <strong>de</strong> la<br />

façon suivante :<br />

1. au niveau <strong>de</strong> base, la catégorisation se fait par la détection <strong>de</strong> similarité entre<br />

l’individu à catégoriser et le prototype <strong>de</strong> la catégorie. Ceci suppose :<br />

– que la similarité et donc les traits sont détectés les premiers ;<br />

– que le prototype pré-existe à la catégorie.<br />

2. au niveau subordonné, la catégorisation consiste à ajouter <strong>de</strong>s traits à ceux<br />

qui existent au niveau <strong>de</strong> base pour le prototype ;<br />

3. au niveau super-ordonné, la catégorisation consiste à soustraire <strong>de</strong>s traits à<br />

l’ensemble <strong>de</strong> traits du prototype au niveau <strong>de</strong> base.<br />

Ceci fait <strong>de</strong> la similarité un primitif pour la catégorisation. Cependant,<br />

comme le notent Hahn et Chater (1997), le lien <strong>de</strong> dépendance entre similarité<br />

et catégorisation n’est pas unidirectionnel, mais apparemment bi-directionnel,<br />

ce qui, tout à la fois, contredit l’hypothèse <strong>de</strong> la similarité comme fondation<br />

<strong>de</strong> la catégorisation, et soulève un problème d’oeuf et <strong>de</strong> poule. Par ailleurs,<br />

malgré son évi<strong>de</strong>nce apparente, la définition <strong>de</strong> la similarité en termes <strong>de</strong><br />

communauté <strong>de</strong> traits rencontre <strong>de</strong> réelles difficultés (Goodman, 1970). Enfin,<br />

la notion même <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> base est discutable : en effet, selon les cas, le<br />

niveau <strong>de</strong> base sera l’espèce (e.g. chien) ou le genre (oiseau, poisson). Qui plus<br />

est, la notion <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> base est déduite <strong>de</strong> l’apprentissage linguistique,<br />

mais, si les mots sont communs, il apparaît que, très souvent, les catégories<br />

correspondantes chez les enfants sont beaucoup plus étendues que chez les<br />

adultes et, <strong>de</strong> fait, correspon<strong>de</strong>nt plutôt à un niveau super-ordonné 13 .<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Reste qu’il paraît à première vue difficile <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong>s hiérarchies<br />

conceptuelles dans une approche atomiste. Par quoi, par exemple, pourrait-on<br />

remplacer la notion <strong>de</strong> similarité Une solution est <strong>de</strong> la remplacer par la notion<br />

<strong>de</strong> non-différence ou d’indifférenciation : on peut en effet parfaitement défendre<br />

l’idée selon laquelle grouper <strong>de</strong>s objets dans une même catégorie revient à<br />

13. Pour une discussion approfondie <strong>de</strong> ces problèmes et une définition <strong>de</strong> la similarité<br />

qui la fait dépendre <strong>de</strong> la catégorisation plutôt que l’inverse et qui évacue la notion<br />

<strong>de</strong> trait, cf. Reboul (2007b, chapitre 4).

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