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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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Neurosciences cognitives et évolution<br />

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la cavité pelvienne <strong>de</strong> la mère (Rosenberg & Trevathan, 2001). Or, l’anatomie<br />

du bassin est contrainte par le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> locomotion bipè<strong>de</strong> : un élargissement<br />

se paierait par une moins bonne capacité <strong>de</strong> marche pour les femmes. La<br />

solution évolutive qui a donc permis à l’espèce humaine <strong>de</strong> développer un<br />

si gros cerveau sans compromettre l’accouchement ni la locomotion fut donc<br />

d’anticiper la naissance, par rapport au développement nerveux du fœtus.<br />

En comparaison avec d’autres espèces <strong>de</strong> primates, à la fin <strong>de</strong> la grossesse,<br />

le nouveau-né humain naît « prématuré », son cerveau est encore très immature<br />

et va continuer à croître <strong>de</strong> façon importante après la naissance alors<br />

que chez les espèces primates au cerveau moins développé, les nouveau-nés<br />

ont un cerveau beaucoup plus proche du cerveau adulte. En contrepartie, le<br />

nouveau-né humain est moins habile dans ses mouvements, incapable <strong>de</strong> se<br />

maintenir autrement qu’allongé, ce qui le rend d’autant plus vulnérable aux<br />

dangers extérieurs (acci<strong>de</strong>nts, prédateurs) (Bogin, 1997).<br />

En outre, l’accroissement <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong> tissu nerveux a aussi un coût métabolique<br />

car le cerveau est un gros consommateur d’énergie. Chez l’être humain<br />

adulte, par exemple, alors que cet organe ne représente que 2 % du poids <strong>de</strong><br />

l’organisme, il consomme environ 20 % <strong>de</strong> l’énergie (Aiello & Wheeler, 1995).<br />

Or, comme on l’a dit, l’enfant humain naît avec un cerveau très immature. Et<br />

contrairement à ce que l’on pourrait croire, la principale phase <strong>de</strong> croissance<br />

du cerveau est à peu près <strong>de</strong> même durée chez l’homme que chez d’autres<br />

espèces <strong>de</strong> primates hominoï<strong>de</strong>s. Ainsi, dès l’âge <strong>de</strong> 7 ans, chez les humains<br />

comme chez les autres grands singes, le cerveau a atteint sa taille adulte. Par<br />

contre, la gran<strong>de</strong> différence est que dans l’espèce humaine, le taux <strong>de</strong> croissance<br />

durant cette pério<strong>de</strong> est beaucoup plus rapi<strong>de</strong>, si bien que l’enfant humain<br />

possè<strong>de</strong> rapi<strong>de</strong>ment un cerveau bien plus gros que celui <strong>de</strong>s autres espèces<br />

(Aiello & Wells, 2002). Cela veut donc dire que, très tôt, le cerveau va être un<br />

organe très coûteux en ressources métaboliques, avec un pic durant l’enfance<br />

où la part <strong>de</strong>s ressources énergétiques allouées au cerveau atteint 60 %.<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Paradoxalement, le corps humain pourrait sembler beaucoup moins apte à<br />

fournir ces ressources : d’une part, la pério<strong>de</strong> d’allaitement est beaucoup plus<br />

courte chez l’homme (Bogin, 1997) et d’autre part, le système digestif humain<br />

est beaucoup plus petit que celui <strong>de</strong>s primates <strong>de</strong> taille comparable (Aiello &<br />

Wheeler, 1995). De même, Homo erectus possè<strong>de</strong> une <strong>de</strong>ntition moins adaptée à<br />

la mastication que ses prédécesseurs. Cela signifie donc que l’encéphalisation<br />

massive observée <strong>de</strong>puis l’apparition du genre Homo et plus spécifiquement<br />

avec Homo erectus n’a pu se faire qu’en lien avec une amélioration du régime<br />

alimentaire, comportant davantage <strong>de</strong> sucres et <strong>de</strong> graisses et moins <strong>de</strong> fibres<br />

végétales (Leonard, Snodgrass, & Robertson, 2007). Pour expliquer l’origine<br />

<strong>de</strong>s changements simultanés du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> la physiologie <strong>de</strong> ces<br />

hominidés, on peut citer les modifications climatiques et la multiplication<br />

<strong>de</strong>s espèces animales herbivores, notamment les ruminants, qui offrent <strong>de</strong><br />

nouvelles ressources alimentaires. En effet, les restes archéologiques montrent

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