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Épreuve de contrôle - L2C2 - CNRS

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12 Jean-Baptiste Van <strong>de</strong>r Henst & Hugo Mercier<br />

ainsi souligner le caractère crucial et récurrent <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> dominance dans<br />

les groupes humains (Cummins, 1996). Nous avons évolué, pensent-ils, pour<br />

savoir gérer ces relations, trouver notre place dans la hiérarchie et si possible<br />

en gravir les échelons.<br />

Les psychologues évolutionnistes tirent leur inspiration <strong>de</strong> la théorie biologique<br />

<strong>de</strong> l’évolution, et plus particulièrement <strong>de</strong> la « synthèse mo<strong>de</strong>rne » édifiée<br />

au cours du siècle précé<strong>de</strong>nt sur les fondations posées par Darwin (Darwin,<br />

1859, voir Mark Ridley, 1997, pour un compte rendu récent <strong>de</strong> la synthèse<br />

mo<strong>de</strong>rne). Il est maintenant admis que l’Homo sapiens est le fruit d’un long<br />

processus évolutif qui en fait le <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong>s bactéries et <strong>de</strong>s poissons, le<br />

proche cousin <strong>de</strong>s primates et le <strong>de</strong>rnier représentant d’une famille autrefois<br />

foisonnante d’Homo erectus, habilis, nean<strong>de</strong>rthalensis et d’Australopithecus. Des<br />

généticiens aux paléontologues, <strong>de</strong> nombreux chercheurs utilisent les théories<br />

évolutionnistes pour mieux comprendre la manière dont l’homme a évolué<br />

physiquement. Si nous acceptons facilement que l’évolution ait façonné notre<br />

corps, nous sommes plus réticents à admettre qu’elle ait fait <strong>de</strong> même avec<br />

notre esprit. Depuis le début du XX e siècle, une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s sciences<br />

humaines voit l’esprit comme une cire vierge sur laquelle l’environnement<br />

et la culture impriment leurs empreintes. Les anthropologues et sociologues<br />

insistent sur les forces sociales et culturelles qui façonnent notre i<strong>de</strong>ntité. La<br />

psychologie a longtemps été dominée par le courant béhavioriste attribuant<br />

à l’environnement la capacité exclusive d’engendrer tous les comportements.<br />

Plus récemment, les sciences cognitives dont certains courants se sont construits<br />

en opposition au béhaviorisme ont pu renforcer ce credo en considérant les<br />

mécanismes mentaux comme très généraux et capables d’incorporer toute<br />

sorte d’informations. Cette démarche s’accor<strong>de</strong> avec l’intuition pour accréditer<br />

l’idée que ce sont l’éducation et la culture qui forgent nos esprits.<br />

<strong>Épreuve</strong> <strong>de</strong> <strong>contrôle</strong><br />

Des voix <strong>de</strong> plus en plus nombreuses s’élèvent contre cette image <strong>de</strong> l’esprit<br />

humain comme une tabula rasa. Pour les psychologues évolutionnistes,<br />

les processus sélectifs qui ont mené à l’homme mo<strong>de</strong>rne doivent être pris en<br />

compte lorsqu’on souhaite comprendre comment fonctionne l’esprit. Selon eux,<br />

<strong>de</strong>s capacités aussi diverses que le langage, la séduction, le calcul ou encore<br />

la reconnaissance <strong>de</strong>s visages sont en partie <strong>de</strong>s héritages <strong>de</strong> l’évolution. Ils<br />

s’appuient en particulier sur un mécanisme : la sélection naturelle. C’est sur cette<br />

théorie, décrite par Darwin il y a 150 ans, que repose aujourd’hui encore la<br />

majeure partie <strong>de</strong> la biologie <strong>de</strong> l’évolution. Étant donné son rôle crucial dans<br />

les explications qui vont suivre, il est bon d’en rappeler brièvement le principe.<br />

Étonnamment simple, il s’applique à toute population dont les individus<br />

possè<strong>de</strong>nt les quatre caractéristiques suivantes : (I) ils se reproduisent, (II) ils<br />

ne sont pas tous i<strong>de</strong>ntiques, (III) certaines différences ont un effet sur le taux<br />

<strong>de</strong> reproduction, et (IV) ces différences sont au moins partiellement héritables.<br />

Cela signifie que toute population dans laquelle certains individus laissent

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