150 petites expériences de psychologie des médias
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Les médias et la politique 91<br />
ne sont pas le fait du hasard : elles sont <strong>de</strong>stinées à entrer<br />
en résonance avec un électorat <strong>de</strong> droite ou un électorat <strong>de</strong><br />
gauche. C’est ce qu’a révélé une expérience :<br />
Deux psychologues, Patrice Georget et Anne-Laure Cotard,<br />
ont analysé les gestuelles <strong>de</strong> personnalités politiques dans les<br />
journaux télévisés, les émissions spécialisées <strong>de</strong> politique et à<br />
l’Assemblée nationale en 2006. Ils ont répertorié trois types <strong>de</strong><br />
gestuelle : une gestuelle ponctuatrice qui rythme et scan<strong>de</strong> le<br />
discours, une gestuelle dite « adaptatrice » qui n’a pas <strong>de</strong><br />
rapport direct avec le contenu verbal (c’est l’exemple <strong>de</strong> l’orateur<br />
qui se passe une main dans les cheveux ou qui joue avec<br />
son stylo) et une gestuelle métaphorique, qui procè<strong>de</strong> par analogie<br />
avec le discours (par exemple, écarter les bras dans un<br />
geste ample pour annoncer une réforme <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur).<br />
En comparant les gestuelles <strong>de</strong>s candidats et leur appartenance<br />
politique, ils ont constaté que les personnalités <strong>de</strong><br />
droite optaient généralement pour une gestuelle ponctuatrice,<br />
et les personnalités <strong>de</strong> gauche pour une gestuelle métaphorique.<br />
Les gestuelles adaptatrices étaient pratiquement<br />
absentes dans la classe politique.<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />
Ainsi, les personnalités politiques ne laissent pas leur gestuelle<br />
au hasard. En fonction <strong>de</strong> leur appartenance, elles<br />
adoptent <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s bien précis que l’on peut discerner dans<br />
les débats à la télévision. Lors <strong>de</strong> la récente campagne prési<strong>de</strong>ntielle,<br />
on a pu voir les gestes ponctuateurs <strong>de</strong> Nicolas<br />
Sarkozy, dont le tranchant <strong>de</strong> la main se lève et s’abat au<br />
rythme du discours, et à l’inverse la gestuelle métaphorique<br />
<strong>de</strong> la candidate communiste Marie-George Buffet, qui<br />
mimait un escalier s’élevant dans les airs en évoquant la<br />
nécessité d’augmenter le pouvoir d’achat <strong>de</strong>s Français.<br />
Mais pourquoi note-t-on une ligne <strong>de</strong> démarcation si<br />
franche entre une « gestuelle ponctuatrice <strong>de</strong> droite » et<br />
une « gestuelle métaphorique <strong>de</strong> gauche » ? Il semble que