150 petites expériences de psychologie des médias
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Les médias et la politique 75<br />
Des psychologues se sont interrogés sur cette distribution<br />
profondément inégale <strong>de</strong> l’attention. Il semble qu’un<br />
mécanisme cérébral conduise à nous i<strong>de</strong>ntifier aux personnalités<br />
politiques <strong>de</strong> notre camp, personnalités que nous<br />
considérons un peu comme un autre « soi-même ». C’est ce<br />
qu’a montré une expérience :<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />
Le psychologue Jason Mitchell a fait lire à <strong>de</strong>s volontaires un<br />
texte décrivant <strong>de</strong>s personnalités politiques du même bord<br />
qu’eux, ou appartenant au bord opposé. Ils leur ont ensuite<br />
montré <strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong> ces politiciens, en leur <strong>de</strong>mandant<br />
d’imaginer ce que répondraient ces <strong>de</strong>rniers si on les<br />
interrogeait sur différents enjeux politiques.<br />
En mesurant l’activité <strong>de</strong> leur cerveau, J. Mitchell a constaté<br />
que <strong>de</strong>ux zones cérébrales différentes, quoique voisines,<br />
s’activaient lorsqu’ils considéraient un personnage du même<br />
bord politique ou du bord opposé. Notamment, une zone<br />
nommée cortex préfrontal ventromédian s’activait lorsqu’ils<br />
lisaient la <strong>de</strong>scription ou voyaient le visage du politicien<br />
appartenant à leur bord politique.<br />
Il a ensuite constaté que cette même zone s’activait lorsqu’ils<br />
voyaient, sur un tableau noir, un visage schématisé à la craie<br />
à l’intérieur duquel était écrit le mot « MOI ». Il semble donc<br />
que cette zone du cerveau serve à tenir <strong>de</strong>s raisonnements à<br />
la première personne, et elle s’active aussi bien lorsqu’on<br />
pense à soi-même que lorsqu’on pense à un politicien épousant<br />
les mêmes idéaux.<br />
Cette expérience montre que nous projetons une partie<br />
<strong>de</strong> nous-mêmes dans le lea<strong>de</strong>r politique que nous soutenons.<br />
Ce puissant mécanisme d’i<strong>de</strong>ntification, qui repose<br />
sur une réalité cérébrale, permet <strong>de</strong> mieux comprendre la<br />
force avec laquelle nous adhérons à notre politicien favori,<br />
et la virulence avec laquelle nous rejetons son adversaire.