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150 petites expériences de psychologie des médias

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26 <strong>150</strong> <strong>petites</strong> expériences <strong>de</strong> <strong>psychologie</strong> <strong>de</strong>s médias<br />

L’information, finalement, est peu <strong>de</strong> chose : c’est la<br />

façon <strong>de</strong> la présenter qui fait la différence. Certains termes<br />

ont une charge affective quasi nulle, d’autres font tressaillir<br />

à la première évocation. C’est ce qu’a établi un psychologue<br />

au moyen d’une étu<strong>de</strong> très simple.<br />

Marwan Sinacoeur et ses collègues <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Stanford<br />

ont compté le nombre <strong>de</strong> fois que sont apparues,<br />

entre 1991 et 2002, les expressions vache folle et son terme<br />

scientifique encéphalopathie spongiforme bovine dans <strong>de</strong>ux<br />

journaux français, Le Mon<strong>de</strong> et Les Échos. Ils ont constaté que<br />

lorsque les journaux utilisent vache folle, la consommation <strong>de</strong><br />

vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf diminue. Lorsqu’ils utilisent encéphalopathie<br />

spongiforme bovine, la consommation remonte…<br />

Pourtant, les incitations du gouvernement à mettre en<br />

place <strong>de</strong>s programmes d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la maladie, ou <strong>de</strong> réglementation<br />

<strong>de</strong> la consommation, semblent plutôt dépendre<br />

<strong>de</strong> l’appellation scientifique : lorsque les journaux parlent<br />

d’encéphalopathie spongiforme bovine, les actions gouvernementales<br />

redoublent, hélas sans effet sur les consommateurs,<br />

qui recommencent à manger du bœuf.<br />

Les réactions du public sont directement dictées par le<br />

ton émotionnel utilisé par les médias. Une phraséologie<br />

passionnelle a souvent un impact profond sur l’opinion et<br />

sur les comportements, même si elle ne véhicule pas une<br />

information juste. Au contraire, un communiqué s’en<br />

tenant au strict nécessaire et visant la précision a moins <strong>de</strong><br />

chances <strong>de</strong> soulever <strong>de</strong> grands élans populaires.<br />

Selon les psychologues, cela résulte du fait que nous<br />

avons <strong>de</strong>ux façons <strong>de</strong> traiter l’information : d’une part un<br />

traitement délibératif, qui nous permet <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s décisions<br />

au terme d’une réflexion posée, sur la base <strong>de</strong>s informations<br />

dont nous disposons, et d’autre part un traitement<br />

associatif qui procè<strong>de</strong> par analogies floues et machinales.

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