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150 petites expériences de psychologie des médias

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178 <strong>150</strong> <strong>petites</strong> expériences <strong>de</strong> <strong>psychologie</strong> <strong>de</strong>s médias<br />

problème : il est concrètement impossible <strong>de</strong> maintenir <strong>de</strong>s<br />

liens avec <strong>150</strong> personnes en se cherchant <strong>de</strong>s poux au sens<br />

littéral du terme, car cela prendrait beaucoup trop <strong>de</strong> temps.<br />

Dès lors, R. Dunbar postule que c’est l’apparition du langage<br />

qui, en permettant <strong>de</strong> gagner du temps et d’entretenir <strong>de</strong>s<br />

liens sociaux similaires à l’épouillage sans être au contact<br />

d’une personne en particulier, aurait permis aux premiers<br />

êtres humains <strong>de</strong> résoudre ce dilemme. L’homme aurait ainsi<br />

maintenu <strong>de</strong>s relations sociales avec <strong>de</strong>s groupes plus vastes<br />

<strong>de</strong> congénères par « l’épouillage verbal », c’est-à-dire par le<br />

fait <strong>de</strong> se chercher <strong>de</strong>s poux au sens figuré, par <strong>de</strong>s histoires,<br />

<strong>de</strong>s ragots ou <strong>de</strong>s commérages.<br />

La théorie <strong>de</strong> R. Dunbar est intéressante car elle débouche<br />

sur <strong>de</strong>s prédictions assez justes concernant le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

vie <strong>de</strong> nos ancêtres. Les clans formés par <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong><br />

type « épouillage verbal » sont constitués d’environ <strong>150</strong> individus<br />

qui se connaissent bien et cherchent à tout savoir les<br />

uns sur les autres : le lien social est créé par la parole qui<br />

doit circuler en permanence, indépendamment du contenu<br />

<strong>de</strong> l’information. Le cerveau humain n’ayant pas fondamentalement<br />

changé <strong>de</strong>puis cette époque, il semble que<br />

l’être humain cherche constamment à maintenir ce lien<br />

social dans un groupe <strong>de</strong> <strong>150</strong> individus avec lesquels il<br />

importe <strong>de</strong> toujours raconter quelque chose, quitte à colporter<br />

<strong>de</strong>s bruits futiles.<br />

Comment trouver ces individus aujourd’hui, dans une<br />

société où se sont étiolés les liens <strong>de</strong> clan qui nous unissaient<br />

autrefois ? Selon Ronald DeSousa, professeur émérite<br />

<strong>de</strong> philosophie à l’université <strong>de</strong> Toronto, la presse<br />

people est le substrat tout désigné <strong>de</strong> ce besoin <strong>de</strong> commérage.<br />

De fait, lorsqu’on fait la somme <strong>de</strong>s sportifs, acteurs,<br />

chanteurs ou écrivains à la mo<strong>de</strong> dont nous avons plus ou<br />

moins retenu le nom, on arrive à peu près à cet ordre <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> <strong>150</strong> individus.

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