150 petites expériences de psychologie des médias
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Médias et croyances 39<br />
Dans un cas, il précisait que le drame avait eu lieu dans une<br />
ville <strong>de</strong> Belgique ; dans l’autre, il annonçait que cet incendie<br />
s’était produit en Gran<strong>de</strong>-Bretagne.<br />
Puis, il a proposé aux participants <strong>de</strong> décrire les émotions<br />
qu’avaient pu ressentir les victimes. Il a constaté que, pour<br />
les victimes supposées belges, les émotions les plus fréquemment<br />
citées étaient : douleur, tristesse, colère, peur, chagrin,<br />
culpabilité, regret et désespoir. Mais dans le cas où les<br />
victimes étaient britanniques, seules les émotions douleur,<br />
tristesse, colère et peur étaient mentionnées.<br />
Comment distinguer ces émotions ? Les émotions attribuées<br />
aux victimes étrangères (douleur, tristesse, colère et peur) sont<br />
<strong>de</strong>s émotions dites primaires. Elles sont ressenties par l’homme,<br />
mais aussi par certains animaux. Au contraire, les autres émotions,<br />
uniquement prêtées aux victimes belges (chagrin, culpabilité,<br />
regret et désespoir) sont qualifiées <strong>de</strong> secondaires et<br />
sont uniquement ressenties par l’être humain.<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />
Cette expérience laisse entrevoir que l’on accor<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
sentiments proprement humains préférentiellement aux<br />
personnes qui sont proches <strong>de</strong> nous, ou qui partagent certains<br />
points communs, notamment le fait d’appartenir à une<br />
même communauté. Il s’agit d’un processus entièrement<br />
inconscient, mais net au vu <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> et d’autres réalisées<br />
dans le même sens. Les auteurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> nomment<br />
« infra-humanisation » le fait <strong>de</strong> n’accor<strong>de</strong>r que <strong>de</strong>s sentiments<br />
primaires aux personnes qui vivent loin <strong>de</strong> nous,<br />
dans d’autres pays ou d’autres communautés.<br />
Voilà pourquoi les médias accor<strong>de</strong>nt si peu d’importance<br />
aux Indiens décédés dans le déraillement du train à 5 000 kilomètres<br />
<strong>de</strong> distance : ils sont émotionnellement plus distants,<br />
et l’on ressent généralement moins d’empathie pour<br />
eux que pour la famille parisienne. C’est en tout cas ce que<br />
suggère l’expérience sur l’infra-humanisation. Le phénomène<br />
du mort kilométrique, bien connu <strong>de</strong>s professionnels