150 petites expériences de psychologie des médias
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Le divertissement 175<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />
l’on faisait autrefois dans les villages), mais c’en est une<br />
autre d’ériger cette capacité en moteur <strong>de</strong> la consommation<br />
industrielle. La presse people écoule chaque année<br />
135 millions <strong>de</strong> numéros sur le seul marché français. Elle<br />
tire parti d’un besoin fondamentalement humain <strong>de</strong> se<br />
trouver un « clan » autour <strong>de</strong> quelques figures perçues<br />
comme <strong>de</strong>s intimes, mais c’est là que le miroir est trompeur.<br />
Alors que le commérage social <strong>de</strong>s anciens clans ou<br />
<strong>de</strong>s plus récents villages était facteur <strong>de</strong> lien social (et<br />
l’on sait tout ce que le lien social a <strong>de</strong> protecteur contre la<br />
solitu<strong>de</strong>, la dépression et l’anxiété), le commérage virtuel<br />
<strong>de</strong> la presse people n’apporte aucune espèce <strong>de</strong> lien<br />
avec qui que ce soit. Elle laisse le citoyen mo<strong>de</strong>rne face à<br />
une illusion d’appartenance sociale qui finit par déboucher<br />
sur un grand vi<strong>de</strong>.<br />
Foule sentimentale, chantait Souchon : oui, mais foule<br />
très, très seule. L’exemple <strong>de</strong> la presse people révèle à quel<br />
point les médias, s’ils exploitent <strong>de</strong>s fonctionnalités puissantes<br />
<strong>de</strong> l’esprit humain, ne les nourrissent pas toujours.<br />
Si les choses ont changé, c’est donc dans ce qu’on pourrait<br />
appeler une « industrialisation <strong>de</strong>s réflexes vitaux » :<br />
l’industrie médiatique a développé les moyens d’activer<br />
nos réflexes vitaux au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s nécessités naturelles qui<br />
justifieraient leur mobilisation. Ne sombrons pas dans la<br />
condamnation bien-pensante <strong>de</strong> cet état <strong>de</strong> fait, mais<br />
admettons plutôt que nous sommes condamnés à régler<br />
nous-mêmes le niveau <strong>de</strong> stimulation que nous souhaitons<br />
nous administrer. Et c’est peut-être la plus difficile <strong>de</strong>s responsabilités.