150 petites expériences de psychologie des médias
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Médias et croyances 45<br />
Insoutenable, et pourtant on regar<strong>de</strong>. Insoutenable, et<br />
pourtant on achète le journal. On l’achète pour lire ce qui<br />
s’est passé. Dans les rédactions <strong>de</strong>s journaux, on sait que<br />
l’horreur attire le chaland. Au cours <strong>de</strong> l’année 2007, un<br />
autre type d’information affreuse a trouvé sa place dans les<br />
pages d’information : les morts <strong>de</strong> fillettes dévorées par <strong>de</strong>s<br />
chiens <strong>de</strong> combat. En plein appartement. L’horrible a<br />
bonne presse, c’est ainsi. Alors, pourquoi avons-nous cette<br />
fibre prête à vibrer pour le fait divers sordi<strong>de</strong> ? Pourquoi la<br />
souffrance ne nous fait-elle pas toujours fuir ? Pourquoi<br />
la consommons-nous parfois ?<br />
La plupart <strong>de</strong>s gens interrogés à ce sujet confessent<br />
qu’ils trouvent ces histoires atroces. Ils reçoivent une partie<br />
<strong>de</strong> la souffrance <strong>de</strong>s victimes, et il serait faux <strong>de</strong> dire qu’ils<br />
y sont insensibles. Mais cette souffrance que l’on ressent –<br />
et c’est là que le trait est dérangeant – procure en même<br />
temps et indéniablement un certain plaisir. Toute la question<br />
est donc <strong>de</strong> comprendre comment l’on peut ressentir à<br />
la fois une souffrance et un plaisir à la lecture <strong>de</strong> la presse<br />
« gore ». Étonnamment, les neurosciences ont <strong>de</strong>puis peu<br />
révélé que ces <strong>de</strong>ux aspects, souffrance et plaisir, allaient<br />
<strong>de</strong> pair dans le cerveau.<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />
Un psychologue, David Borsook, a infligé <strong>de</strong> légères brûlures<br />
à <strong>de</strong>s volontaires au moyen <strong>de</strong> plaques métalliques<br />
fixées sur la paume <strong>de</strong> leurs mains (les brûlures étaient modérées<br />
et n’entraînaient pas <strong>de</strong> lésions sur le corps, et les<br />
volontaires étaient libres d’arrêter quand ils le souhaitaient).<br />
Parallèlement, il a mesuré leur activité cérébrale dans un scanner,<br />
ce qui a permis <strong>de</strong> constater <strong>de</strong>ux phénomènes parallèles.<br />
D’une part, l’activation <strong>de</strong> zones cérébrales classiquement<br />
responsables <strong>de</strong> la sensation douloureuse. Ces zones produisent<br />
une sensation désagréable liée à la brûlure. Mais D. Borsook<br />
a aussi constaté l’activation d’une zone liée au plaisir, le<br />
noyau accumbens. Cette zone s’active lorsqu’on ressent un