150 petites expériences de psychologie des médias
150 petites expériences de psychologie des médias
150 petites expériences de psychologie des médias
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Le divertissement 177<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />
Un psychologue, R. Dunbar a étudié les mœurs <strong>de</strong> diverses<br />
espèces <strong>de</strong> singes, en mesurant chez eux <strong>de</strong>ux paramètres :<br />
d’une part, la taille <strong>de</strong>s groupes dans lesquels ils vivent, et<br />
d’autre part le volume <strong>de</strong> leur cerveau.<br />
Il a constaté que chaque espèce <strong>de</strong> singe a une taille <strong>de</strong> cerveau<br />
bien particulière, et vit en outre dans <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong><br />
taille variable. En comparant la taille du cerveau et celle <strong>de</strong>s<br />
groupes, il a constaté l’existence d’une corrélation simple :<br />
plus le cerveau <strong>de</strong> l’espèce considérée est gros, plus les<br />
singes forment <strong>de</strong>s groupes nombreux.<br />
Ainsi, les singes au plus petit cerveau (ouistitis) vivent dans<br />
<strong>de</strong>s groupes moins nombreux que <strong>de</strong>s singes au cerveau<br />
moyen (macaques), qui forment eux-mêmes <strong>de</strong>s groupes<br />
moins nombreux que <strong>de</strong>s singes au gros cerveau (les chimpanzés).<br />
La taille du groupe semble donc liée à celle du cerveau.<br />
Selon R. Dunbar, l’explication est la suivante : un cerveau<br />
plus imposant permet d’entretenir <strong>de</strong>s relations sociales avec<br />
<strong>de</strong>s congénères plus nombreux, <strong>de</strong> mémoriser les caractéristiques<br />
d’un nombre accru <strong>de</strong> comparses.<br />
R. Dunbar a poussé son étu<strong>de</strong> plus loin : chez les singes, les<br />
liens sociaux sont maintenus par ce qu’on nomme<br />
l’épouillage. Les singes se rencontrent <strong>de</strong>ux par <strong>de</strong>ux et se<br />
cherchent littéralement <strong>de</strong>s poux dans les poils du crâne, puis<br />
passent à un autre congénère et recommencent. Plusieurs<br />
heures sont consacrées chaque jour à cette activité. Ainsi,<br />
plus les singes ont un gros cerveau, plus ils ont les capacités<br />
<strong>de</strong> mémoriser les caractéristiques d’un grand nombre <strong>de</strong><br />
congénères et <strong>de</strong> tenir à jour <strong>de</strong>s relations d’épouillage personnalisées.<br />
Autrement dit, plus ils vivent insérés dans <strong>de</strong><br />
grands groupes sociaux.<br />
R. Dunbar a finalement mesuré le volume du cerveau<br />
humain. Il a alors constaté que, suivant la loi <strong>de</strong> proportionnalité<br />
entre taille <strong>de</strong>s cerveaux et taille <strong>de</strong>s groupes sociaux,<br />
les humains primitifs <strong>de</strong>vaient logiquement vivre dans <strong>de</strong>s<br />
groupes comportant environ <strong>150</strong> individus. Mais ceci pose