150 petites expériences de psychologie des médias
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Les médias et la politique 79<br />
Discours autocentré et désengagement politique<br />
En effet, il s’agit le plus souvent d’un discours autocentré,<br />
c’est-à-dire centré sur la personne du politicien : ce <strong>de</strong>rnier<br />
est amené à dire : « J’aime cette chanson », « Je passe mes<br />
vacances à tel endroit », et même dans certains cas à s’étendre<br />
sur son intimité, voire ses pratiques sexuelles (on se<br />
souvient <strong>de</strong> la sortie mémorable <strong>de</strong> Michel Rocard sur ce<br />
chapitre particulier…). Dans tous les cas, il est amené à<br />
parler <strong>de</strong> lui à la première personne, sur un mo<strong>de</strong> qui privilégie<br />
le jugement, l’appréciation personnelle et les goûts<br />
subjectifs.<br />
Or, les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> P. Marchand ont montré que pour qu’un<br />
citoyen s’engage politiquement, il faut qu’il soit régulièrement<br />
exposé à un discours exactement à l’opposé <strong>de</strong> ce que<br />
nous venons <strong>de</strong> décrire. Il faut que ce soit un discours qualifié<br />
d’hétérocentré, où le locuteur emploie peu la première<br />
personne, utilise peu <strong>de</strong> verbes <strong>de</strong> jugement et d’appréciation<br />
personnelle, mais se concentre sur un propos <strong>de</strong>scriptif<br />
où il fait peu intervenir sa subjectivité propre. En ce sens,<br />
les émissions <strong>de</strong> ce type n’offrent pas ce type <strong>de</strong> discours<br />
au téléspectateur et ne favorisent aucune forme <strong>de</strong> culture<br />
ou d’engagement politique.<br />
Conclusion<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />
De nombreux sociologues et psychologues ont insisté sur<br />
le fait que notre société valorise aujourd’hui l’émotion et le<br />
sentiment. Le succès <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> « divertissement<br />
politique » procè<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette logique puisqu’il s’agit à<br />
chaque fois <strong>de</strong> montrer l’homme politique dans sa dimension<br />
personnelle et sensible. Mais cette pratique a un<br />
revers : en tant que téléspectateur, l’on perd ses repères<br />
politiques et surtout la disposition d’esprit nécessaire<br />
pour s’imprégner <strong>de</strong>s enjeux politiques et <strong>de</strong> l’esprit <strong>de</strong>s<br />
institutions.