jung-un-voyage-vers-soi
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du vent des anciens Germains, qui prenait possession des hommes pour en
faire les instruments de la violence dans le cosmos. Il entend ainsi montrer
que la barbarie qui monte en Allemagne est fondée sur des affects collectifs
archaïques et revêt un caractère magico-religieux. Il vise d’ailleurs
directement Hitler en expliquant que « le plus impressionnant » dans le
phénomène de la « furor teutonicus », c’est qu’« un individu qui est
manifestement affecté affecte son peuple entier de telle sorte que tout se
met en mouvement comme une boule qui roule inéluctablement sur une
pente dangereuse » 11 . L’ouvrage ne calme pas ses détracteurs, qui auraient
préféré que son auteur s’en prenne plus ouvertement au régime nazi et
quitte sur-le-champ ses fonctions de président de l’association de
psychothérapie, mais il intéresse vivement Frank Ashton-Gwatkin, un haut
diplomate du Foreign Office, qui le fait traduire en anglais et le distribue à
tous les membres du ministère, convaincu que Jung apporte là une
explication psychologique remarquable de ce qui se passe en Allemagne. Il
en transmet même des exemplaires aux diplomates allemands qu’il
rencontre pour essayer de leur ouvrir les yeux sur la folie collective dans
laquelle ils sont plongés.
1940-1945 : LE MARIAGE DE L’ESPIONNAGE ET DE LA PSYCHANALYSE
La guerre éclate. De par sa neutralité officielle, la Suisse reste
relativement épargnée par le terrible conflit qui déchire une nouvelle fois
l’Europe. Durant l’été 1942, Jung est contacté par un médecin d’Hitler qui
s’inquiète pour sa santé mentale et lui demande de venir faire un diagnostic.
Jung refuse, mais il est bientôt relancé par des émissaires allemands du chef
des services secrets d’Himmler, Walter Schellenberg, lequel fomente un
complot contre Hitler. Ils lui demandent également de venir à
Berchtesgaden afin de réaliser un examen psychiatrique du Führer, le but
étant d’achever de convaincre d’autres hauts dignitaires du régime de lâcher
Hitler. Jung refuse une nouvelle fois de manière catégorique, mais il donne