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jung-un-voyage-vers-soi

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En parallèle de sa découverte de la pensée alchimique, Jung poursuit

tout au long des années 1930 son exploration de la pensée orientale et

s’intéresse particulièrement au bouddhisme, tant à travers la lecture des

sutras anciens du canon pâli qu’à travers les traditions zen et tibétaine. Il est

frappé par le caractère pragmatique du message du Bouddha, qui, tel un

médecin, cherche avant tout, au-delà de toute métaphysique, à soulager

l’être humain de la souffrance inhérente à sa condition. Il est aussi plein

d’admiration pour l’enseignement universel de ce grand maître de sagesse,

qui était si en avance sur son temps qu’il a fini par être chassé d’Inde.

« Bouddha troublait le processus historique en intervenant avec la

transformation progressive des dieux en concepts », écrit-il. « Bouddha,

pionnier spirituel pour le monde entier, dit – et il chercha à réaliser cette

affirmation – que l’homme éclairé était le maître et le rédempteur des dieux

(et non pas leur négateur stupide, comme le prétend la philo sophie

occidentale des Lumières). C’était visiblement trop, car l’esprit indien

n’était encore nullement préparé à intégrer les dieux, dans la mesure où ils

deviennent psychologiquement dépendants de l’état psychique de l’homme.

Comment Bouddha lui-même put accéder à une telle vision sans se perdre

complètement dans l’excès, cela confine au miracle. (Mais tout génie est un

miracle) 9 . »

On le constate, ici encore, ce qui passionne Jung dans la pensée

bouddhiste, c’est qu’elle vient confirmer une de ses principales quêtes :

celle d’une compréhension psychologique du phénomène religieux. Dans le

commentaire qu’il fait du Livre tibétain de la Grande Délivrance, traduit et

édité par le tibétologue Walter Evans-Wentz, il ne cesse de souligner la

parenté entre le processus d’individuation qu’il a élaboré et le processus de

délivrance prôné par la sagesse tibétaine. De même, dans son commentaire

du fameux Bardo-Thödol, le Livre tibétain des morts, Jung souligne qu’« il

est en effet évident que tout le livre a été puisé dans les représentations

archétypiques de l’inconscient 10 ». Tout en faisant ressortir la

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