jung-un-voyage-vers-soi
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2.
Du Dieu extérieur au divin intérieur
« Dieu est mort », annonce le Zarathoustra de Nietzsche. Jung a longuement
médité cette parole et il lui semble plus juste de dire que ce n’est pas Dieu
qui est mort, mais l’image que nous avons de lui. L’image du Dieu biblique,
extérieur au monde, omniscient, qui se révèle par les prophètes et qui
répond aux prières des croyants, n’est en effet plus crédible pour la plupart
de nos contemporains en Occident. En revanche, comme nous venons de le
voir, Jung est convaincu que la puissance des énergies divines reste active et
que l’être humain peut les rencontrer à travers l’expérience du numineux.
Mais il s’agit là d’une expérience ineffable. De Dieu, on ne peut rien dire,
car il reste hors de portée de l’entendement humain, mais on peut en faire
l’expérience. Jung invite donc à se défaire de toutes les représentations
anthropomorphiques, limitées, culturelles, qu’on peut avoir de Dieu pour
pouvoir s’ouvrir à une expérience de rencontre avec le divin indicible.
DIEU COMME ARCHÉTYPE
Jung cite à cet égard trente-huit fois dans son œuvre un grand mystique
chrétien des XIII e -XIV e siècles, Maître Eckhart, qui disait : « Je prie Dieu qu’il
me libère de Dieu 1 . » Bien que reconnu comme un homme d’une grande
sainteté et comme le plus grand théologien de son temps, Maître Eckhart
n’a jamais été canonisé car il a relativisé la représentation traditionnelle du
dogme de la Sainte Trinité : Dieu est le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Pour
Eckhart, la Trinité, à l’instar du Dieu biblique (Yahvé), reste la
représentation humaine, qui s’exprime à travers un langage anthropomorphique
et conceptuel, d’une réalité incompréhensible qu’il appelle la