jung-un-voyage-vers-soi
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réalité ces mystères ont toujours été l’expression d’une disposition
psychologique fondamentale 26 », souligne Jung. C’est la raison pour
laquelle un rituel doit être accompli conformément à la tradition et qu’il ne
faut rien y changer. La messe est l’occasion d’embrasser pleinement les
mouvements de mort et de résurrection du Christ qui, grâce au rite,
s’inscrivent dans le présent et offrent une expérience directe du divin. « Par
le truchement de la réitération des événements majeurs liés au mythe du
Christ – perçu ici comme figure de l’humanité universelle –, le moi (le Fils,
le Christ) est sacrifié à l’inconscient (le Père) pour renaître dans
l’expérience de l’Esprit-Soi, saisie, à présent, non point comme un
phénomène lointain, unique et isolé, mais vécue dans la conscience “ici et
maintenant” du participant pénétrant cette vérité par l’intermédiaire du
rite 27 », selon l’analyse de John Dourley. Ainsi, symboliquement, la messe
crée un mouvement psychique qui sacrifie le moi à l’inconscient en vue de
la résurrection d’une conscience améliorée, plus ouverte, plus équilibrée.
Parallèlement, l’inconscient renonce à sa position transcendante pour
s’incarner dans une existence humaine finie. Dans cette optique, le pardon
renverrait à la « part du don » du moi à l’inconscient. Ce qui ne se fait pas
sans mal, selon Jung, qui identifie la souffrance du Christ à celle que tout
homme doit traverser au cours du processus d’individuation.
Parmi les autres traditions qui valorisent la vie intérieure symbolique,
on trouve également les alchimistes du Moyen Âge. C’est aussi au cours
d’un rituel que le Grand Œuvre s’accomplit : « D’une part, l’œuvre
pratique, chimi que, dans le laboratoire ; d’autre part, un processus psychologique,
pour une part conscient […] et pour une autre part inconscient,
projeté et perçu dans les processus de transformation de la matière 28 . » Le
processus de transformation chimique de la matière imparfaite en or,
représentant la totalité ou l’Un, entre en corrélation avec le processus
d’individuation, symbolisé chez les alchimistes par la pierre philo sophale.