jung-un-voyage-vers-soi
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qu’elle vivait inconsciemment sous le regard de son grand-père, un juif
orthodoxe très religieux qu’enfant elle admirait beaucoup. La religion nous
imprègne également à travers l’histoire, les idées, les symboles, les rites et
les croyances de la civilisation à laquelle nous appartenons : ce qu’on
appelle en philo sophie l’épistémé, l’ensemble des connaissances réglées
propres à un groupe social à une époque donnée (l’empreinte
socioculturelle). Dans l’introduction de Psychologie et alchimie (1944),
Jung écrit : « J’ai commencé cette introduction en partant de la totalité de
l’homme comme représentant le but auquel mène, en dernière analyse, le
développement psychique ayant lieu durant le processus
psychothérapeutique. Cette question est indissolublement liée à des
présuppositions philo sophiques et religieuses. Même si le patient, comme
c’est fréquemment le cas, se croit dépourvu de préjugés à ce point de vue, il
n’en demeure pas moins que le fondement même de sa pensée, de son mode
de vie, de sa morale et de sa langue est conditionné historiquement jusque
dans les détails, ce dont il reste souvent inconscient par manque de culture
ou d’autocritique. L’analyse de sa situation conduit donc tôt ou tard à une
mise en lumière de ses pré suppositions spirituelles fondamentales, allant
bien au-delà des déterminantes personnelles 1 . »
Enfin, et c’est là l’apport le plus original de Jung, comme la religion a
imprégné toutes les civilisations humaines du passé, nous sommes tous,
quel que soit notre conditionnement personnel et social actuel, marqués par
la religion : des symboles et des archétypes religieux sont présents dans
notre inconscient collectif. Jung rapporte qu’il a observé que des patients
qui se disaient totalement indifférents voire hostiles à la religion et qui
n’avaient reçu aucune éducation religieuse faisaient néanmoins des rêves
mettant en jeu des symboles religieux. Dans d’autres cas, il constate que des
patients ayant reçu une éducation religieuse (c’était la majorité) pouvaient
rêver de symboles religieux totalement extérieurs à leur univers culturel et
dont ils ne pouvaient avoir eu connaissance, même par des lectures.