jung-un-voyage-vers-soi
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« Dieu » on ne peut rien dire : on ne peut que l’éprouver dans l’âme. C’est
la raison pour laquelle lorsqu’on lui demande s’il croit en Dieu, Jung
répond : « Je ne crois pas, je sais. » Cette réponse suscitera de nombreux
malentendus et on accusera, bien à tort, Jung d’affirmer avoir une
connaissance métaphysique de Dieu. Or ce n’est pas du tout ce qu’il dit : il
ne sait pas ce qu’est Dieu, mais il sait qu’on peut faire une expérience de ce
qu’on appelle communément « Dieu » à travers son archétype présent dans
la psyché humaine. À un universitaire anglais qui lui demande comment il
peut prétendre ne pas « croire » mais « savoir » à propos de Dieu, Jung
répond : « Je n’ai pas dit, remarquez-le bien : “Il y a un Dieu.” J’ai dit : “Je
n’ai pas besoin de croire en Dieu, je sais.” Ce qui ne veut pas dire : je
connais un certain Dieu (Zeus, Jahvé, Allah, le Dieu trinitaire, etc.), mais
plutôt que je sais que je suis manifestement confronté avec un facteur
inconnu en lui-même, que j’appelle “Dieu” 4 . »
Quand Jung applique à Dieu la notion d’archétype, il ne dit rien sur sa
nature propre. Il reconnaît simplement qu’il existe une image de Dieu
inscrite dans notre inconscient collectif dont on peut faire l’expérience.
Mais cette expérience reste subjective et indicible. « Je suis toujours prêt à
professer mon expérience intérieure, mais jamais son interprétation
métaphysique ; car sinon je revendique implicitement pour celle-ci une
reconnaissance universelle. Je dois professer au contraire que je ne puis
interpréter l’expérience intérieure dans sa réalité métaphysique, car cette
réalité est de nature transcendante et dépasse mes possibilités humaines. Je
suis bien sûr libre de croire ce que je veux à ce sujet, mais c’est alors mon
préjugé subjectif, avec lequel je ne veux pas importuner les autres et dont je
ne peux d’ailleurs absolument pas prouver la validité universelle. […] Tout
ce que les humains affirment au sujet de Dieu n’est que pur bavardage ; car
nul ne peut connaître Dieu. Connaître quelque chose, cela signifie en effet
le voir de telle façon que tous puissent le voir aussi, et affirmer une