jung-un-voyage-vers-soi
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inacceptable ou un trauma trop violent), il récuse l’idée freudienne que tout
refoulement est d’origine sexuelle. Il est persuadé que d’autres facteurs
peuvent entrer en compte, comme la question de l’adaptation sociale ou
l’oppression par des circonstances tragiques de la vie. Par ailleurs, Freud
assimile la libido, cette puissance vitale qui est le moteur de nos existences,
cette pulsion d’autoconservation, principalement à la sexualité, ce que
récuse aussi Jung, qui s’inspire des thèses du philo sophe Henri Bergson sur
l’élan vital, pour montrer que la libido a une dimension beaucoup plus
large. Inquiet des doutes de son dauphin, Freud adresse à Jung cette
redoutable injonction, rapportée par ce dernier dans son autobiographie :
« “Mon cher Jung, promettez-moi de ne jamais abandonner la théorie
sexuelle. C’est le plus essentiel ! Voyez-vous, nous devons en faire un
dogme, un bastion inébranlable.” Il me disait cela plein de passion et sur le
ton d’un père disant : “Promets-moi une chose, mon cher fils : va tous les
dimanches à l’église !” 7 »
Le second point essentiel de désaccord porte sur l’inconscient. Jung
récuse l’idée freudienne selon laquelle l’inconscient est essentiellement un
lieu de refoulement (principalement des désirs sexuels) : il est persuadé que
l’inconscient est beaucoup plus riche. Il s’agit pour lui d’un vaste continent
inexploré, qui cherche à communiquer avec notre moi conscient à travers
les symboles (d’où l’importance de l’interprétation des rêves), et la plupart
de ces symboles ne renvoient pas à un contenu sexuel refoulé. Par ailleurs,
si Jung adhère à la conception freudienne de l’inconscient personnel, il est
aussi de plus en plus convaincu qu’il existe dans la psyché individuelle des
strates plus profondes qui relient chaque individu à l’histoire collective de
sa lignée, de sa culture, de la civilisation à laquelle il appartient. Freud
reconnaît la présence dans l’inconscient de ce qu’il appelle les « résidus
archaïques », des reliquats du passé, mais Jung va beaucoup plus loin et
pense qu’il existe une structure psychique universelle innée, qui nous relie