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jung-un-voyage-vers-soi

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mes propres pensées – et que je ne pouvais m’expliquer 4 . » Intrigué, il

propose à de nombreux patients de faire cette expérience et les résultats

obtenus lui semblent tout aussi probants. Ainsi rapporte-t-il le cas de ce

jeune homme qui avait un complexe maternel très marqué et qui hésitait à

épouser une jeune femme de peur d’être, une nouvelle fois, tombé sur une

dominatrice. La réponse de l’oracle fut la suivante : « La jeune fille est

puissante. On ne doit pas épouser une telle jeune fille. » Ce qui intrigue

Jung, au-delà du contenu de la réponse, c’est l’extraordinaire ajustement

entre la question posée et la réponse apportée. Comme il n’existe aucune

corrélation de type causal entre les deux, puisque les tiges ou les pièces de

monnaie sont lancées au hasard, Jung en déduit qu’il existe un phénomène,

encore inexpliqué, selon lequel deux événements peuvent être reliés entre

eux de manière non causale mais par du sens, qu’il appellera la

« synchronicité ». Jung avait déjà remarqué l’existence de phénomènes

psychologiques parallèles sans lien de cause à effet : apparition simultanée

de pensées ou de symboles, par exemple, comme lors de cette célèbre

séance de thérapie où un scarabée doré vient se poser sur son bureau au

moment même où une patiente lui raconte qu’elle a rêvé d’un scarabée. Je

reviendrai plus longuement dans la partie suivante sur cette théorie

fondamentale de la synchronicité, mais je tenais à rappeler ici que c’est

l’énigme du Yi-king – comme celle de l’astrologie, dans laquelle il voyait

aussi un phénomène de synchronicité 5 – qui a le plus poussé Jung à réfléchir

à ce qu’on nomme en général une « heureuse coïncidence » ou un

« merveilleux hasard ». Au fond, ce qui le passionne le plus dans sa

découverte du plus vieux livre chinois, qui inspira autant Confucius que

Lao-Tseu, c’est sa convergence avec ses propres recherches et découvertes.

Il se sent ainsi moins seul, car ce regard philo sophique a disparu depuis

longtemps en Occident : « Le type de pensée édifié sur le principe de

synchronicité qui culmine dans le Yi-king est l’expression la plus pure de la

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