jung-un-voyage-vers-soi
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C’est la raison pour laquelle il est si difficile aux exégètes et aux
théologiens de démêler les faits réels de la vie de Jésus des éléments
mythiques dont sont truffés les Évangiles (conception miraculeuse,
miracles, Résurrection…) et qui sont aussi présents dans la plupart des
biographies des autres figures de l’Anthropos (naissance miraculeuse du
Bouddha, mort et résurrection d’Osiris, etc.).
À côté d’une analyse rationnelle possible et inspirante du message de
l’homme Jésus, Jung invite à faire une lecture symbolique de la vie de Jésus
à travers sa dimension archétypale. Par exemple, « la descente du Christ
aux Enfers, qui a lieu pendant les trois jours de la mort, décrit
l’engloutissement de la valeur disparue dans l’inconscient où, par la victoire
sur la puissance des ténèbres, il rétablit un nouvel ordre et d’où il remonte
jusqu’au haut des cieux, c’est-à-dire jusqu’à la clarté suprême du
conscient 6 . » Cette compréhension de ce qu’il appelle le « mythe chrétien »
et sa lecture symbolique des Évangiles lui attirent évidemment les foudres
des théologiens de son époque, mais elle inspirera quelques décennies plus
tard de nombreux psycho logues et psychanalystes chrétiens, comme
Françoise Dolto (L’Évangile au risque de la psychanalyse), Simone Pacot
(L’Évangélisation des profondeurs) et surtout le théo logien et psychanalyste
allemand Eugen Drewermann, qui publiera une œuvre importante
d’inspiration jungienne dans les années 1990-2000, traduite dans le monde
entier, qui lui vaudra d’être banni de l’enseignement catholique par l’Église.
À cette critique d’une trop forte extériorité, typique de l’Occident, Jung
ajoute celle, évidemment, du caractère projectif du christianisme et des
autres religions monothéistes : comme Voltaire, Feuerbach et Freud l’ont
soutenu avant lui, l’être humain a projeté sa psyché sur ce Dieu extérieur
dont il s’est fait une représentation très anthropo morphique. De même
encore, à la suite de Freud, il souligne la brutale répression des instincts
dans la religion chrétienne, le mépris du corps et l’exaltation morbide de la
chasteté. Il ne manque pas aussi de rappeler que la dimension du féminin a