jung-un-voyage-vers-soi
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de générations d’êtres humains qui nous ont précédés. « Reconnaître à quel
degré inouï les âmes humaines sont différentes les unes des autres fut une
des expériences les plus bouleversantes de ma vie, écrit Jung. […] Mais en
dépit de toute notre conscience individuelle, elle ne s’en perpétue pas moins
inébranlablement au sein de l’inconscient collectif, comparable à une mer
sur laquelle la conscience du moi voguerait, semblable à un bateau. C’est
pourquoi rien ou presque rien du monde psychique originel n’a disparu 11 . »
Les contenus de cet inconscient collectif nous sont parvenus à travers les
mythes, les contes, les récits et les rites religieux anciens. Ils sont le fruit
d’émotions puissantes – joie, peur, angoisse, amour – ressenties par les
premiers humains devant la puis -sance de la nature et le mystère de la vie et
de la mort.
Depuis l’enfance, Jung fait des rêves dans lesquels apparaissent parfois
des symboles mythologiques, dont il découvrira bien plus tard qu’il s’agit
de représentations religieuses issues du monde antique. Devenu médecin, il
observe le même phénomène chez certains patients et publie une étude sur
le cas d’une personne schizophrène qui voyait une image similaire à une
représentation religieuse très ancienne (un tube dans le soleil qui engendre
le vent) décrite dans un texte non encore publié à l’époque. La psyché
collective est le thème central de son premier ouvrage majeur,
Métamorphoses et symboles de la libido (1912), qui précipitera sa rupture
avec Freud. Il s’agit du long commentaire d’un cas clinique remarquable,
celui d’une jeune Américaine, Miss Miller, relaté dans un article publié en
1906 par le psychiatre Théodore Flournoy. Jung est intrigué par les
nombreuses références mythologiques dans les rêves et les imaginations de
cette patiente, d’autant plus qu’il lit au même moment, dans Humain, trop
humain, une pensée de Nietzsche qui l’inspire au plus haut point : « Dans le
sommeil et le rêve, nous refaisons, encore une fois, la tâche de l’humanité
antérieure », et qu’il comprend ainsi : « De même que nos corps conservent
dans de nombreux organes les restes d’anciennes fonctions et d’anciens