jung-un-voyage-vers-soi
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et trouva le volume relié désigné par son ami défunt : il s’agissait d’un livre
d’Émile Zola intitulé Le Vœu d’une morte.
En fin connaisseur des doctrines orientales sur le karma (loi de
causalité) et la réincarnation, Jung s’interroge aussi sur ces théories. Nous
avons vu qu’il croyait volontiers en une sorte de karma impersonnel, qui
relierait les individus d’une même lignée à travers les générations. Mais audelà
de cet héritage qui se transmettrait de génération en génération par les
gènes et par l’inconscient familial, la question est de savoir s’il existe aussi
un karma personnel. Jung affirme n’avoir aucune opinion ferme à ce sujet.
Il examine par ailleurs la possibilité qu’un individu décède en laissant
ouverte une question importante et qu’un autre individu naisse pour tenter
d’y répondre. La seule certitude qu’il a, c’est que « si nous supposons qu’il
y a une continuation “au-delà”, nous ne pouvons concevoir un mode
d’existence autre que psychique ; car la vie de la psyché n’a besoin ni
d’espace, ni de temps. L’existence psychique – et surtout les images
intérieures dont nous nous occupons déjà maintenant – offrent la matière de
toutes les spéculations mythiques sur une vie dans l’au-delà, et celle-ci, je
me la représente comme une marche progressive à travers le monde des
images. Ainsi la psyché pourrait-elle être cette existence dans laquelle se
situe l’“au-delà” ou le “pays des morts” 33 ».
Dans les dernières années de sa vie, Jung est diminué par de nombreux
problèmes de santé (il fait notamment deux autres infarctus). Après le décès
de sa femme, ses enfants se relaient auprès de lui, mais ils ont aussi des
familles et ne peuvent vivre chez lui. Il fait alors appel à une infirmière
anglaise qu’il a connue lors de son voyage en Afrique de l’Est et qui est
devenue une amie de la famille : Ruth Bailey. L’atmosphère est parfois
électrique entre ces deux fortes personnalités : Jung est exigeant et
autoritaire, et Ruth ne lui laisse rien passer. Lorsqu’il n’est pas occupé à
corriger son autobiographie ou à rédiger sa correspondance, il lit des traités
zen et les ouvrages de Pierre Teilhard de Chardin, qui l’enthousiasment ; il