jung-un-voyage-vers-soi
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thérapie, car il est porteur d’une énergie très puissante qui permet de
réactiver la problématique inconsciente et d’essayer ainsi de la désactiver
en la rendant consciente 20 .
Jung rapporte à cet égard une de ses premières expériences de transfert,
alors qu’il était jeune médecin, qui fut si puissante que les témoins crurent à
une guérison « miraculeuse » de sa patiente : « Je me souviens du cas d’une
femme de soixante ans qui marchait depuis dix-sept ans avec des béquilles
en raison d’une douleur inexpliquée au genou gauche. C’était à l’époque où
je dirigeais la clinique de Forel pour le traitement par l’hypnose et la
suggestion, avant la Première Guerre mondiale. Dès que je lui eus dit que je
l’hypnotiserais, elle tomba sans que je fasse rien dans un somnambulisme
hypnotique dont j’eus le plus grand mal à la réveiller. Lorsqu’elle revint à
elle, elle sauta sur ses pieds et s’écria : “Je suis guérie.” Lorsque la
personne qui l’accompagnait voulut lui tendre ses béquilles, elle les
repoussa et elle marcha sans soutien triomphalement jusque chez elle. Mes
élèves furent très impressionnés par ce “miracle”. La raison de cette
guérison était qu’elle avait un fils sur lequel elle avait focalisé toutes ses
ambitions, mais qui était devenu malade mental et se trouvait précisément à
la clinique dans mon département, ce que j’ignorais, car entre-temps elle
s’était remariée et portait un autre nom. Elle avait découvert en moi son fils
couronné de succès, d’où son transfert sur moi. La guérison était une
démonstration en ma faveur, ad majorem gloriam filii. Elle pouvait ainsi
abandonner les douleurs de sa névrose pour le bonheur de ce transfert 21 . »
Jung insiste aussi sur la question de l’ombre qui, lors de la cure
analytique, mobilise des mécanismes de projection : « Au cours du
traitement psychologique, la relation dialectique achemine logiquement le
patient vers une confrontation avec son ombre, cette moitié obscure de
l’âme, dont on s’est depuis toujours débarrassé au moyen de projections :
soit qu’on charge son prochain de tous les vices que l’on a manifestement
soi-même, soit qu’on transfère ses péchés à un médiateur divin par le