jung-un-voyage-vers-soi
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un rapport moins aisé à ce quelque chose en l’homme qui touche à la terre,
qui puise en elle des forces nouvelles, à ce côté terrien que l’homme
germanique recèle en lui-même dans une dangereuse concentration 15 . »
L’essai annonçait d’ailleurs, de façon prémonitoire, ce qui allait arriver en
Allemagne dans les deux décennies suivantes.
Jung reçoit de nombreux soutiens, notamment celui de Dulles, l’agent
américain de l’OSS, qui affirme que la fréquentation assidue du médecin
suisse depuis 1942 l’avait convaincu que ce dernier était « clairement et
complètement antinazi et antifasciste, qu’il s’agisse de ses idées aussi bien
que de son approche des problèmes du monde 16 ». En 1946, Ernest Harms
publie un article intitulé « C. G. Jung, défenseur de Freud et des juifs »,
dans lequel il montre tout ce que Jung a fait pendant les années 1930 pour
essayer de sauver la psychanalyse freudienne et comment il a aidé de
nombreux Juifs allemands à émigrer en Suisse ou ailleurs. Bair confirme ce
fait : ayant eu accès à la totalité de la correspondance privée de Jung encore
inédite, elle a découvert de nombreux courriers adressés, dès 1934, par Jung
à des amis anglais ou américains, dans lesquels il leur demandait d’aider tel
ou tel Juif fuyant l’Allemagne nazie. Elle a trouvé aussi des documents
notariés envoyés aux autorités suisses de l’immigration, dans lesquels Jung
s’engageait à prendre en charge financièrement des personnes (pour la
plupart juives) qui demandaient asile en Suisse afin d’échapper aux
persécutions du régime nazi. À côté du nom de nombreux inconnus, on
trouve ceux de son amie Jolande Jacobi et d’Aniéla Jaffé (qui sera sa
secrétaire particulière à la fin de sa vie), ou encore celui du docteur Roland
Cahen, qui deviendra son principal traducteur en langue française 17 .
Jung restera, de fait, entouré de nombreux amis juifs jusqu’à la fin de sa
vie, dont les psychologues James Kirsch et Erich Neumann, qui émigrèrent
en Palestine en 1933 et devinrent les promoteurs de l’école jungienne en
Israël. Jung entretiendra une correspondance très régulière avec Neumann,
de 1933 jusqu’à la mort du psychologue israélien en 1960 18 . Aucun ne