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jung-un-voyage-vers-soi

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été évacuée de la religion chrétienne et il se félicite du dogme de

l’Assomption de la Vierge Marie, promulgué par Pie XII en 1950, qui

réintroduit une dimension féminine dans la figure archétypique divine.

« C’est à coup sûr l’événement religieux le plus important depuis quatre

cent ans », écrit-il, même s’il précise que cette exaltation du féminin se fait

dans l’Église à travers la figure d’une vierge-mère-immaculée, qui ne peut

être saisie littéralement comme relevant de l’humanité réelle et doit être

comprise comme un symbole, ce qui peut conduire à la misogynie – les

femmes réelles étant considérées comme une menace pour la perfection

spirituelle masculine.

LA QUESTION DU MAL

Cette question de l’absence de féminin dans l’archétype du Dieu

chrétien (juif et musulman également) conduit Jung à s’interroger sur

l’absence dans le Dieu chrétien d’une autre réalité : celle du mal. À l’image

des dieux de l’Olympe, Yahvé, le Dieu de l’Ancien Testament, apparaît

comme amoral – à la fois bon et cruel, juste et injuste, miséri cordieux et

tyrannique – et son peuple le craint autant qu’il l’aime. La théologie

chrétienne a cherché à se débarrasser de cette ambivalence divine aux

accents anthropomorphiques en construisant le concept d’un Dieu

« entièrement bon », en lequel il n’existe aucun mal ontologique ou moral.

Dès lors, le mal est considéré comme privatio boni, privation du bien.

Autrement dit, puisqu’il n’existe aucun mal en Dieu, le Créateur ne peut

être à l’origine du mal (sa création est entièrement bonne) et ce dernier ne

peut être compris que comme une absence de bien.

Jung ne partage pas du tout cette conception qui dénie toute réalité

substantielle au mal, car il la juge contraire à l’expérience que nous avons

de la vie et du monde, où le mal et le bien ne cessent de s’entrechoquer. Il la

considère même comme « moralement dangereuse, car elle réduit et

déréalise le mal et, ce faisant, elle diminue également le bien, car elle le

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