jung-un-voyage-vers-soi
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ils produisent des effets numineux et thérapeutiques. Ce sont là des
expériences originelles qui, très souvent, permettent au patient de retrouver
un accès à des vérités religieuses longtemps reléguées dans l’oubli. J’ai pu
vivre personnellement ce genre d’expérience 6 . » Il affirme avoir guéri de
nombreux patients en évoquant avec eux la pratique de leur propre religion,
quelle qu’elle soit : « Je renvoie les gens à la valeur positive de leur Église
d’origine 7 . » Jung met toutefois en garde contre le risque d’influencer le
patient, risque toujours possible dans la pratique thérapeutique, qui fait que
le thérapeute pourrait transmettre ses propres croyances et valeurs. Il
affirme ainsi toujours chercher « les idées et le langage » du patient et
l’aider à reprendre contact avec son propre univers symbolique, en évitant
soigneusement toute « suggestion » 8 .
En tant que psychologue, Jung ne se pose pas la question de savoir si
une religion est meilleure qu’une autre ou même si le discours religieux
dogmatique repose sur une vérité ou une illusion. Il constate simplement
que l’être humain ressent la nécessité d’une vie symbolique qui permette
aux besoins de l’âme de s’exprimer et que la pratique religieuse – d’abord
au sens premier d’observation attentive de sa vie, puis au sens second de
pratique rituelle au sein d’une tradition religieuse pour les croyants – peut
être source d’équilibre profond. Comme tout psychologue, il a évidemment
constaté les dégâts que la religion peut produire chez les individus. Il ne
réfute pas l’affirmation freudienne selon laquelle la croyance religieuse peut
être névrotique. Il est tout à fait conscient que, pour beaucoup de croyants,
Dieu est comme un substitut du père et que leurs pulsions sont refoulées à
cause des interdits religieux. Il ne nie pas que les religions puissent rendre
des gens malades ou même constituer un refuge contre l’expérience
personnelle. Mais, contrairement à Freud, il soutient qu’il y a aussi autre
chose dans la religion. Que l’expérience numineuse, comme la foi et la
pratique religieuse, ne peuvent être réduites à cela. Si la religion a
incontestablement une face négative et mortifère, elle a aussi une fonction