jung-un-voyage-vers-soi
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critique ni à défendre ses idées face à Freud et ce dernier n’a jamais accepté
que celui en qui il voyait son successeur puisse remettre en cause son
autorité et ses vues. Leur rupture était annoncée. Elle surviendra au
printemps 1914.
En août 1913, lors du XVII e Congrès international de médecine de
Londres, Jung prend ses distances avec la psychanalyse et présente sa
propre approche thérapeutique, qu’il nomme « psychologie analytique ». Le
20 avril 1914, alors qu’il avait été réélu de justesse en septembre 1913 sans
l’approbation des plus proches disciples de Freud, Jung démissionne de son
poste de président de l’Association internationale de psychanalyse. Le
10 juillet, la Société psychanalytique de Zurich lui emboîte le pas et décide
à son tour de quitter l’Association, sous prétexte que Freud « impose une
orthodoxie qui entrave la liberté et l’indépendance de la recherche ». Freud
propose alors à Jung de mettre un terme définitif à leurs relations
personnelles. Puis la guerre de 14-18 se déclenche. Les deux hommes
n’échangeront ni ne se rencontreront plus jamais.
La plupart des historiens de la psychanalyse d’obédience freudienne
voient en Jung un disciple dissident de Freud, une sorte d’hérétique du
mouvement psychanalytique. La réalité est plus complexe. Comme nous
l’avons vu, Jung avait déjà développé ses propres idées et théories avant de
rencontrer Freud. Il était dès ce temps reconnu dans le monde de la
psychiatrie, et c’est la raison pour laquelle Freud s’est intéressé à lui et a
voulu en faire son successeur pour donner une dimension plus
internationale à la psychanalyse. Ils eurent aussi une relation personnelle
forte, mais teintée de paternalisme, qui a flatté Jung avant qu’elle ne
l’étouffe, ce qui explique le ressentiment qui anima les deux hommes après
leur rupture. Même si, comme nous l’avons vu, Jung a rendu à la fin de sa
vie un vibrant hommage à Freud et reconnu l’apport très important que ce
dernier avait eu sur sa pensée et sur la science psycho logique en général, il
n’avait sans doute pas tort de préciser : « Je ne descends d’aucune façon en