jung-un-voyage-vers-soi
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Dieu », qui ne rend pas compte de la réalité complexe du monde et de l’âme
humaine : « Une religion s’appauvrit intérieurement quand ses paradoxes
s’amenuisent ou se perdent, tandis que leur multiplication l’enrichit, car
seul le paradoxe se montre capable d’embrasser, ne fût-ce
qu’approximativement, la plénitude de la vie. Ce qui est sans ambiguïté et
sans contradiction ne saisit qu’un côté des choses, et par conséquent est
incapable d’exprimer l’insaisissable et l’indicible 9 . »
VIN NOUVEAU ET OUTRES VIEILLES
Pour toutes ces raisons, Jung est convaincu que la tradition chrétienne
doit se renouveler en profondeur si elle veut continuer à vivifier l’âme
humaine et à participer à la grande odyssée de la conscience. Il rejoint ainsi
les thèses sur l’évolution de la matière et de l’esprit du père Teilhard de
Chardin, jésuite et scientifique, qu’il lira au crépuscule de sa vie et qui
l’enthousiasmeront, comme je l’ai déjà évoqué. Comme l’écrit John
Dourley, théologien catholique et psychanalyste jungien, dans La Maladie
du christianisme : « Au cœur du malaise jungien réside la conviction que le
christianisme contemporain ne sert plus les harmonies et unités émergentes
vers lesquelles progresse l’évolution personnelle et historique. Bien qu’il
reconnaisse sa contribution au développement de la civilisation occidentale,
il doit constater que ce christianisme-là s’oppose aux plus profondes
énergies de la psyché, lesquelles “veulent” faire progresser l’individu et
l’histoire par des modèles d’intégration personnelle, de sympathie et de
relation élargies. En ce sens, le christianisme empêche, plutôt qu’il ne
favorise, le développement psychologique et historique de l’humanité – si
du moins nous acceptons l’affirmation qui sous-tend la psychologie
jungienne, à savoir que l’obtention de la complétude constitue l’objectif et
la valeur ultimes de la psyché créatrice de l’histoire 10 . »
Comme il reste néanmoins persuadé que l’Occident ne pourra se passer
du « mythe chrétien » pour poursuivre son aventure historique, Jung pense