jung-un-voyage-vers-soi
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lui-même, le fidèle protestant doit développer une capacité d’autocritique,
dont Jung soulève l’importance : « L’autocritique, en tant qu’activité
d’introspection et de discrimination, est indispensable à toute tentative de
comprendre sa propre psychologie 3 . » Il souligne aussi que le relativisme
propre à l’esprit de la Réforme apporte plus de souplesse et de variations
dans l’interprétation du dogme que l’intransigeance du catholicisme. Il
reproche toutefois au protestantisme son caractère desséchant et trop
rationnel, qui l’a coupé de la dimension affective et symbolique essentielle
du christianisme. Le caractère sensible, féminin, inconscient de la religion a
disparu au profit d’une foi uniquement consciente et rationnelle, ce qui
produit, selon lui, de nombreuses névroses chez les fidèles.
À l’inverse, Jung remarque qu’il a, parmi ses patients, très peu de
catholiques pratiquants, car ceux-ci trouvent, affirme-t-il, dans leur pratique
religieuse un univers symbolique riche et un accompagnement spirituel qui
n’est pas sans rappeler l’accompagnement thérapeutique. Jung souligne
l’importance du rituel (notamment celui de la messe) et de la confession, au
moins en tant que « méthode d’hygiène mentale », et il n’hésite pas, dans sa
pratique médicale, à recommander à des fidèles catholiques d’aller se
confesser et communier, ce qui lui vaudra une bénédiction privée du pape,
ce dernier ayant eu vent de cela par le témoignage d’une patiente romaine
de Jung ! Ce dernier toutefois ne manque pas de critiquer l’intransigeance
du catholicisme, qui reste hermétique à toute évolution de la doctrine et de
la pratique pastorale.
L’ARCHÉTYPE DU CHRIST
Au-delà des différentes confessions, Jung adresse quelques critiques
assez radicales à la religion chrétienne en général. La plus importante
concerne son caractère extérieur (il en va de même pour le judaïsme et
l’islam) : Dieu est présenté comme totalement transcendant au monde et à
l’homme, ce qui conduit à une soumission à une entité extérieure plutôt