jung-un-voyage-vers-soi
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5.
Une nouvelle géographie de l’âme
Au cours des trois premières décennies du XX e siècle, Jung redéfinit en
profondeur la psyché humaine. Au fil de ses expériences, de ses études et de
ses découvertes, il élabore une nouvelle géographie de l’âme en quatre
continents : le moi conscient et ses orientations (les types psycho logiques),
l’inconscient personnel, l’inconscient collectif, le Soi. Il utilise à dessein le
mot « âme », car il entend désigner ainsi la « globalité de la psyché
humaine » à travers ces quatre dimensions. Mais c’est aussi pour lui une
manière de prendre ses distances avec la vision matérialiste qui considère la
psyché comme relevant de la matière seule : « La conviction moderne de la
primauté du physique conduit en dernière analyse à une psychologie sans
âme, c’est-à-dire à une psycho logie où le psychique ne saurait être autre
chose qu’un effet biochimique 1 . » Or Jung récuse autant la conception
métaphysique traditionnelle d’une âme sub stantielle d’origine divine qui
viendrait informer un corps que celle des matérialistes qui affirment que
l’esprit comme le corps provient de la matière. Il s’agit selon lui de deux
postures dogmatiques indémontrables. Il est convaincu que l’âme reste
insaisissable, car elle relève de deux réalités – la matière et l’esprit – qui
échappent aussi, de manière ultime, à notre entendement. Mon regretté ami
Michel Cazenave, qui a été l’éditeur de nombreux inédits du psychologue
suisse chez Albin Michel, tente ainsi d’expliquer la position très fine de
Jung sur cette question : « L’âme participe pour Jung du monde de la
matière et de celui de l’esprit. Ce qui ne signifie en rien qu’elle en serait un
simple mélange : mais à en assurer l’unité tout en conservant les
différences, elle pose sa réalité propre, elle propose son propre monde, elle