jung-un-voyage-vers-soi
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Il a longtemps hésité à le faire publier, craignant que cela ne nuise à ses
travaux scientifiques. Il a finalement laissé la question en suspens et ce
n’est qu’en 2000 que ses héritiers décident d’en confier l’édition à Sonu
Shamdasani, l’un des meilleurs spécialistes de l’œuvre de Jung, historien de
la psychiatrie et professeur à l’University College de Londres. L’édition
anglaise paraît en 2009, bientôt suivie de nombreuses traductions dans le
monde entier. Publiée en 2011 par les Éditions de L’Iconoclaste et La
Compagnie du Livre rouge, l’édition française est menée à bien par
Bertrand Éveno et traduite par Christine Maillard, entre autres. Cet
imposant et magnifique ouvrage est salué par la presse mondiale comme un
événement éditorial sans précédent. Ainsi lit-on dans le New York Times :
« Ce livre est l’ouvrage capital d’un des grands penseurs de notre temps,
longtemps resté à l’état de rumeur secrète, sous le couvert de sa légende. Il
s’agit d’un livre exceptionnel qu’on croirait sorti du Moyen Âge. » Et un
critique du quotidien italien La Repubblica souligne avec justesse que
« plus qu’un monument érigé au savoir ou plus qu’un document intime, Le
Livre rouge est la démonstration que les grands penseurs peuvent côtoyer en
eux le gouffre de la folie, sans pour autant y être engloutis ».
J’ai déjà évoqué le fait que Jung avait été profondément marqué par
Ainsi parlait Zarathoustra, le chef-d’œuvre de Nietzsche, et la conscience
qu’il avait du danger de sombrer dans la folie, comme Nietzsche, lorsque
l’on s’adonne à ses visions intérieures sans ancrage suffisant dans le monde
extérieur. À la lecture du Livre rouge, on ne peut qu’être frappé, au regard
de sa composition et de son style, par sa parenté avec Ainsi parlait
Zarathoustra. De fait, Jung l’étudia à nouveau avec attention en
novembre 1914 et nul doute que cette œuvre l’a influencé, dans le fond
comme dans la forme, pour écrire son Liber novus, même s’il y prophétise
davantage le retour du divin dans l’âme que la mort de Dieu. C’est là ce que
souligne Sonu Shamdasani dans son introduction au Livre rouge : « Le sujet