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jung-un-voyage-vers-soi

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désire avec intensité, plus elle rend les choses agissantes, et le résultat est

semblable à ce qu’elle a souhaité 6 . » Ou encore Goethe : « Nous avons tous

en nous un peu des forces électriques et magnétiques, et nous exerçons

comme l’aimant lui-même un pouvoir d’attraction et de répulsion, selon que

nous entrons en contact avec le semblable ou le dissemblable 7 . » C’est bien

en examinant la nature et l’univers que l’homme se rencontre lui-même et

accède aux plus grands mystères de la vie.

LE RÉENCHANTEMENT DU MONDE

En évoquant le monde occidental moderne, Jung souligne

l’extraordinaire progrès de la conscience humaine et tous les avantages qui

en découlent : différenciation, connaissance, morale universelle des droits

de l’homme, progrès scientifiques et techniques, etc. Mais il déplore aussi

le prix à payer de cet essor si intense et si rapide de la conscience et

dénonce une triple amputation de l’homme moderne : rupture avec la

nature, avec le passé, avec le cœur et l’intériorité.

En se coupant de la nature, l’homme moderne se prive de son lien le

plus vital avec le monde, celui qui a structuré sa psyché depuis des

millénaires. Avant que l’homme ne migre dans les grandes villes et ne se

pose consciemment comme distinct de la nature et comme « maître et

possesseur » de celle-ci, pour reprendre l’expression de René Descartes, la

nature n’était pas un simple environnement pour l’être humain : elle était

vécue, expérimentée, intériorisée. Elle faisait partie de lui comme il faisait

partie d’elle. « Les pierres, les plantes, les animaux ne parlent plus à

l’homme et l’homme ne parle plus aux animaux en croyant qu’ils peuvent

l’entendre, écrit Jung. Son contact avec la nature a été rompu, et avec lui a

disparu l’énergie affective profonde qu’engendraient ses relations

symboliques 8 . » Depuis qu’il s’est différencié d’elle par un effort conscient,

son appartenance à la nature ne subsiste plus que dans son inconscient, qui

conserve les instincts, les archétypes et la mémoire de ce lien vital. Mais

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