jung-un-voyage-vers-soi
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
de verser dans « l’occultisme » parce qu’il prend au sérieux « les fantasmes
religieux » de ses patients, il répond : « Je ne parviens pas à comprendre
pourquoi l’étude des fantasmes sexuels serait plus objective et plus
scientifique que celle de n’importe quels autres fantasmes, les fantasmes
religieux par exemple. Mais, bien sûr, les fantasmes sexuels ne peuvent être
que vrais et réels alors que l’imaginaire religieux ne l’est pas, il est une
erreur, il ne devrait pas exister et s’en occuper, c’est être très peu
scientifique ! Une telle logique dépasse les bornes de mon entendement 3 . »
À ses interlocuteurs sceptiques, Jung ne cesse de rappeler qu’ils
confondent croyance et expérience. Toute croyance peut être discutée,
réfutée ou considérée comme illusoire, mais pas une expérience. Comme
toute expérience, « l’expérience religieuse est absolue, affirme Jung. Elle
est au sens propre indiscutable. On peut seulement dire qu’on n’a pas fait
une telle expérience et l’interlocuteur répondra : “Je regrette, mais moi je
l’ai faite.” Et la discussion sera terminée. Peu importe ce que le monde
pense de l’expérience religieuse ; celui qui l’a faite possède l’immense
trésor d’une chose qui l’a comblé d’une source de vie, de signification et de
beauté 4 ».
Jung doit, en fait, sans cesse lutter contre cette idée issue des Lumières
selon laquelle les religions seraient nées de l’esprit humain conscient dans
le but de manipuler les gens. Ainsi des esprits malins auraient-ils inventé
des dieux et des dogmes pour mener les hommes par le bout du nez. Jung
souligne la naïveté de cette thèse et rappelle qu’« à cette opinion s’oppose
la réalité psychologique de la difficulté que l’on a à saisir intellectuellement
les symboles religieux. Ils ne proviennent nullement de la raison, mais
d’ailleurs. Du cœur, peut-être, mais en tout cas d’une couche psychique
profonde, qui ressemble peu à la conscience, qui, elle, n’est que surface.
Aussi les symboles religieux ont-ils toujours un caractère très marqué de
“révélation”, autrement dit, ce sont en général des produits spontanés de
l’activité inconsciente de l’âme. Ils sont tout ce que l’on voudra, sauf