jung-un-voyage-vers-soi
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L’observation de ce fait doit également nous alerter et nous amener à nous
questionner.
Selon Jung, il est plus facile de voir l’ombre en soi (mais aussi en
l’autre) en se confrontant à une personne du même sexe. L’ombre des
personnes du sexe opposé nous dérange moins et suscite davantage
d’indulgence de notre part. C’est aussi la raison pour laquelle l’ombre, dans
les rêves, nous apparaît à travers une personne du même sexe, mais qui
revêt une personnalité opposée à la nôtre. Par exemple, si l’individu est
courageux dans sa vie, son ombre se révélera lâche. Si la personne est
lâche, son ombre dans le rêve se révélera effrontée. Au cours d’une analyse
notamment, l’ombre peut parfois engendrer un phénomène de transfert sur
le thérapeute, point que nous avons déjà évoqué 5 .
Pour Jung, la question de l’ombre est intimement liée à celle de la
projection, ce phénomène singulier par lequel un individu imprime sur un
objet ou un être un contenu psychique qui est un trait de sa vie intérieure.
En somme, nous prêtons aux autres des traits de caractère et des attitudes
que nous possédons sans les remarquer. Au contraire de la perception qui
correspond à ce que l’individu reçoit du monde extérieur par l’intermédiaire
de ses sens, la projection est ce qu’il y investit. Elle est un déplacement
involontaire et inconscient d’un état ou d’un phénomène psychique vers un
objet extérieur avec lequel nous avons un fort lien émotionnel d’amour ou
de haine 6 . Ce qui pose plusieurs problèmes. Non seulement l’ombre
déforme la vision que nous aurions eue de tel individu sans ce prisme, mais
aussi elle anéantit la possibilité d’avoir avec lui une relation fondée sur de
l’objectivité et de l’authenticité.
Au lieu de projeter ses propres conflits inconscients sur un tiers, on peut
aussi les projeter sur un groupe, à un niveau collectif. L’agitation politique
ou encore tout ce qu’on lit dans les journaux, les rumeurs, les commérages,
etc., résultent de ce phénomène. C’est ce qui arrive lorsqu’un individu ou
un groupe est accusé par la collectivité d’être la cause du mal qui la ronge