Pas de bavards à la Muette

sont conjuguées. Bénech, en partant, emporte les bijoux.
Il sait que Mme Ailot ne portera pas plainte, qu’elle
comprendra que c’est lui le coupable – il s’est peut-être
débrouillé pour le lui faire comprendre –, et qu’elle
essaiera de récupérer ses colifichets. C’est une combine de
tout repos. Mais qui ne lui rapportera tout de même pas
de quoi vivre jusqu’à la fin de ses jours… et qui
nécessitera des marchandages. Alors, en attendant, il
s’adresse au bureau de placement spécial que tient notre
gros chauve. Et peut-être que, même ça, c’est une
manifestation de forticherie. Il ne veut apparemment rien
changer à son genre d’existence. Chauffeur sans boulot, il
cherche du boulot comme chauffeur. Ou fait semblant,
pour écarter les soupçons si, par extraordinaire,
Mme Ailot agissait dans un sens différent de celui qu’il
espère.
— Possible, dit Faroux.
— Mais, Mme Ailot agit dans le sens espéré. Elle offre
cent sacs. Une aumône. Bénech me l’a fait comprendre. Il
a bien répété trois ou quatre fois que cent sacs c’était bon
à prendre, mais sur un ton qui signifiait : « Ça vaut plus
que ça. » Et il demande à réfléchir. Comme s’il était outillé
pour ce genre de travail ! Enfin, il pique un coup de sang
ou je ne sais quoi, et sort pour aller retrouver Suzanne,
histoire d’apaiser ses nerfs, sans doute. Je le suis. Il s’en
aperçoit et au lieu de se rendre rue du Ranelagh… ou, plus
exactement, rue des Bauches, car Mme Ailot m’a dit qu’il
avait dû entrer par la porte de derrière, une porte de
service, certainement…, il continue son chemin, tente de
me semer, n’y parvient pas et alors, nous entreprenons