Pas de bavards à la Muette

Avant de partir, je ramassai le pétard que j’avais fait
sauter des mains de la gamine, l’enveloppai dans un
mouchoir et l’empochai.
Nous retournâmes auprès de la bagnole, ce qui ne fut
pas un mince boulot. Nous nous entassâmes dans la
Tallemet et je démarrai. Ma montre indiquait quatre
plombes et quelques. Cette fois, le temps avait passé vite.
*
* *
Nous ne réintégrâmes pas la maison de la rue du
Ranelagh aussi heureusement que nous en étions partis.
Avec mes deux bonnes femmes dans l’état où elles se
trouvaient, un minimum de barouf était inévitable. Mais,
maintenant, c’était sans importance. Le bruit, ce n’était
pas ce qui manquerait, bientôt. Alors, un petit peu plus,
un petit peu moins… Après avoir remisé la voiture, nous
entreprîmes de monter Suzanne dans sa chambre, moi la
soutenant, et Mme Ailot essayant d’en faire autant, mais
s’accrochant plutôt à sa nièce pour ne pas tomber ellemême.
Et c’est alors que nous fûmes surpris par le fils de
la maison, que notre arrivée avait une nouvelle fois sorti
du plumard.
— Qu’est-ce que c’est cette comédie ? gronda la mère,
reprenant brusquement du poil de la bête, mais sans
excessive animosité.
Et sans attendre aucune justification, elle enchaîna :
— Va te recoucher immédiatement. Va te recoucher et
dors.
Il ne dit rien. Il alla se recoucher, mais je me demande
s’il dormit. Il nous avait d’abord regardés stupidement,