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Pas de bavards à la Muette

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stationnait au début <strong>de</strong> l’avenue Marcel-Proust.<br />

— Puis-je vous déposer quelque part, monsieur Nestor<br />

Burma ?<br />

— Sur le quai <strong>de</strong> <strong>Pas</strong>sy, si c’est votre chemin.<br />

C’était son chemin. Je m’instal<strong>la</strong>i <strong>à</strong> ses côtés. Elle était<br />

tendue comme une cor<strong>de</strong> <strong>à</strong> violon. En <strong>de</strong>ux tours <strong>de</strong><br />

roues, nous fûmes au quai. Le bistrot-restaurant, qui fait<br />

le coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue d’Ankara et <strong>de</strong> l’avenue <strong>de</strong> Lamballe,<br />

curieusement appelé L’Ours Martin, offrait une terrasse<br />

illuminée pleine <strong>de</strong> consommateurs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sexes,<br />

amateurs <strong>de</strong> soirs printaniers. Je <strong>de</strong>scendis <strong>de</strong> voiture, dis<br />

bonsoir <strong>à</strong> mon ex-cliente et regardai <strong>la</strong> Tallemet<br />

disparaître dans <strong>la</strong> perspective.<br />

Je revins rue Berton. Je violentai encore un coup <strong>la</strong><br />

serrure. Cette fois, je fis attention <strong>à</strong> <strong>la</strong> marche basse qui<br />

coupait l’allée <strong>à</strong> mi-côte. Je remontai dans <strong>la</strong> chambre du<br />

crime, éc<strong>la</strong>irant ma marche d’allumettes frottées.<br />

J’allumai le p<strong>la</strong>fonnier et courus au fauteuil que j’avais<br />

occupé. C’était idiot. Il était toujours l<strong>à</strong>. Entre-temps,<br />

personne n’était venu le faucher. Je passai mon doigt dans<br />

<strong>la</strong> déchirure <strong>de</strong> <strong>la</strong> housse, puis un peu plus loin, l<strong>à</strong> où il<br />

m’avait semblé sentir un corps dur sous le doigt. Le corps<br />

dur y était encore et ce n’était pas une illusion. C’était…<br />

Une balle <strong>de</strong> revolver ! Une balle, <strong>à</strong> en juger par le<br />

calibre, qui avait très bien pu être crachée par le pistolet<br />

que tenait Suzanne.<br />

Une balle pour Bénech. Une balle pour moi. Une balle…<br />

Je n’avais entendu que <strong>de</strong>ux détonations.<br />

Je mis <strong>la</strong> balle dans ma poche et rentrai <strong>à</strong> l’hôtel. Je me<br />

couchai. Je dormis très mal.

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