Pas de bavards à la Muette

— Et elle vous a embauché pour quoi ?
— Pour retrouver ses bijoux.
Dites donc la vérité ! Ma réponse le fit rire.
— Sans blague ! s’exclama-t-il.
— Officiel. On les lui a fauchés ; elle veut les récupérer.
— Je n’ai rien vu de tout cela dans aucun canard.
— Nous n’avons pas jugé utile de leur en parler. C’est le
côté strictement privé de l’affaire, vous comprenez ? Ça
n’a rien à voir avec le côté public : le lessivage du
chauffeur par la môme en question… celle qui semble
avoir éveillé votre pitié.
— Oui, oui. Vous êtes chic de faire une exception pour
moi. — Tu parles ! ricanai-je. Pour ce que ça ira loin…
Il fronça les sourcils et se mit sur la défensive.
— J’ comprends pas ce que vous voulez dire.
— Je ne peux pas vous laisser imprimer ça, mon vieux,
l’amadouai-je. Mes clients ne me chargent pas d’un boulot
confidentiel pour que j’aille le crier sur les toits. À moins
que ce que vous aviez à me dire ne change ma manière de
voir. Qu’aviez-vous à me dire ?
— Euh… lap. Rien. Rien du tout. C’était juste un truc
pour vous aborder. Pour que vous ne m’envoyiez pas sur
les roses.
— Une astuce de journaliste, quoi ?
— Oui.
— Et moi qui croyais que ça avait un rapport avec la
môme, la pauvre môme en question.
Je lui balançai ça plus ou moins au flan. Il réagit
vivement, comme si j’avais deviné ses pensées, des