Pas de bavards à la Muette

faisant au total un milliard et demi de francs français…
De francs de 1947 !
— Bon sang ! (Je faillis en lâcher ma pipe.) Voilà le
détail qui m’échappait. Le trésor de l’Abwehr !
— Ne vous emballez pas, dit Zavatter. Si vous comptez
mettre la main dessus et me payer avec, je suis bon pour
la soupe populaire. Écoutez la suite… Plusieurs indices me
laissent supposer que de puissantes interventions ont
joué pour hâter la date où la bouche de Masuy serait à
jamais close. Ajoutons que les indications fournies par
celui-ci sur les trésors qu’il se faisait fort de retrouver
n’ont pas été perdues pour tout le monde… Les
charognards sont de tous les temps et de tous les lieux,
et j’en connais plus d’un qui roule aujourd’hui carrosse à
Paris 1…
— Oui, dis-je. D’ailleurs, Masuy, je m’en fous un peu.
Qu’il repose en paix, comme dit Faroux. Mais, ça me
tarabustait, ce coin d’ombre. Maintenant, j’ai l’esprit plus
libre. Je peux me consacrer entièrement à cette môme,
Suzanne. Elle est innocente. J’en suis certain. Lasserre
était sincère. Et c’est pour qu’il ne puisse pas m’apporter
les preuves de l’innocence de cette fille, qu’on l’a buté.
Mais, bon Dieu ! je ne suis pas encore sorti de l’auberge !
Je quittai le banc. Le gars du manège faisait toujours
tourner son limonaire. Les lapins blancs et les cygnes,
immobiles, semblaient sous le charme de la musique
poussive.
— Drôle de déclaration que celle de ce Maulin, dis-je.
Généralement, à ces moments suprêmes, on ne se répand
pas en propos légers. Si c’était… un signal ? un