Pas de bavards à la Muette

consiste à les retrouver… si Mme Ailot me conserve sa
confiance, ce que je saurai tout à l’heure. L’affaire de la
rue Berton n’est qu’accessoire.
— Un présent des dieux, en quelque sorte, pour que
vous ne vous ennuyiez pas, au cours de votre première
nuit dans le quartier ?
Exactement.
Je revins auprès d’Hélène. Elle était assise sur le lit et
avait étalé trois canards sur la couverture : Le Temps de
Paris, France-Soir et Le Crépuscule.
— Je vous ai apporté la presse du soir, dit-elle. Marc
Covet n’a eu aucun mal à se montrer discret. L’article
ressemble à un communiqué de la police et est à peu près
le même dans chaque journal. Mais Covet vous fait de la
publicité, comme toujours.
L’entrefilet était court. Il relatait le drame en termes
succincts, sans fioritures. La jeune meurtrière était
désignée sous son prénom de Marie-Chantal, parce que ça
faisait plus riche, plus XVIe arrondissement et tout. On
n’avait imprimé que l’initiale de son nom de famille. Kifkif
pour sa tante. Le mien, par contre (dans le papier du
Crépu ; les autres journaux m’ignoraient), s’étalait en
toutes lettres et, en trente lignes, Marc Covet avait réussi
à le mentionner trois fois. Ce qui me donnait un léger
avantage sur Brigitte Bardot, dont on parlait à la colonne
voisine, en ne citant son nom que deux fois. Il est vrai que
l’actrice bénéficiait de la reproduction de sa photo, chose
qui m’était refusée. Les lecteurs ne perdaient pas au
change, mais, enfin ! Il n’y a pas que des hommes, à lire le
Crépu… Covet était bien gentil tout de même, d’autant