Pas de bavards à la Muette

tout au moins. Quelque chose semblait m’échapper
encore.
— Dites-moi, Faroux, fis-je. Vous vous êtes foutu un
peu de moi, l’autre matin, au quart de la rue Bois-le-Vent.
Vous vous souvenez ? « Nestor Burma a tellement le chic
pour décrocher des affaires aux ramifications complexes
et lointaines, qu’il est bon de connaître l’histoire criminelle
du quartier où il opère, au moins depuis la Révolution de
89. » C’était une boutade, mais comme toute boutade, elle
comportait sa part de vérité. Si vous aviez vraiment
étudié la Révolution française dans ses rapports avec le
village de Passy, vous auriez vu qu’un certain Kock,
financier hollandais, demeurait dans le coin. C’était un ami
de Jacques-René Hébert et il fut guillotiné en même
temps que le père Duchesne, le 6 Germinal…
Florimond Faroux roula des calots.
— Qu’est-ce que c’est que ce blablabla ?
C’était du blablabla, en effet. À la faveur duquel
j’essayais de saisir cette chose qui m’échappait. Quand je
parle, mes pensées suivent parfois un cours différent, et il
arrive qu’à l’occasion bavardage et ruminations se
confondent et donnent un résultat. Jusqu’à présent, zéro,
mais on pouvait continuer.
— … Deux mois après la décapitation de ce Kock, sa
poule mettait au monde, ici, à Passy, un petit garçon
prénommé Paul. C’est lui qui devint le fameux romancier
des grisettes parisiennes.
— Qu’est-ce que c’est que ce blablabla ? répéta
Faroux.
L’inspecteur Fabre ne dit rien, mais n’en pensait pas