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soit pas inattendu.<br />
Elle portait une longue et ample robe <strong>de</strong> satin noir,<br />
décolletée au maximum, d’où émergeaient ses bras et ses<br />
épaules. Je ne sais comment je fis mon compte. Peut-être<br />
<strong>la</strong> secouai-je avec trop d’ar<strong>de</strong>ur ; peut-être, dans le feu <strong>de</strong><br />
l’action, tirai-je un peu trop violemment sur le tissu ;<br />
peut-être que cette robe n’était pas faite <strong>à</strong> ses mesures ;<br />
peut-être… Bref, elle glissa brusquement du corps <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
fille, s’amonce<strong>la</strong>nt en un tas soyeux autour <strong>de</strong> ses<br />
chevilles.<br />
Et Suzanne m’apparut nue comme un ver, sans slip ni<br />
feuille <strong>de</strong> vigne, sans rien que sa beauté, et toute droite,<br />
sculpturale, ses seins menus, gonflés <strong>de</strong> jeune sève,<br />
frémissants, toute droite et immobile, magnifique<br />
d’impudicité, comme surgissant d’une fleur vénéneuse. Je<br />
lâchai prise, un peu soufflé. Elle connaissait <strong>de</strong> ces trucs<br />
pour vous couper le respir, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong><br />
pétard, cette Marie-Chantal, alors !<br />
— Mon Dieu ! Mon Dieu ! sanglota Mme Ailot, <strong>de</strong>rrière<br />
moi.<br />
Elle m’avait rejoint <strong>de</strong>puis un instant déj<strong>à</strong>. J’avais senti<br />
son o<strong>de</strong>ur : l’o<strong>de</strong>ur fauve <strong>de</strong> sa transpiration qui<br />
emplissait tout, chassait toutes les autres. Je ne me<br />
retournai pas. Je revins <strong>à</strong> Suzanne, qui n’avait pas bougé,<br />
et lui appuyai les mains sur les épaules.<br />
— Et alors ? fis-je, doucement. C’est comme ça qu’on<br />
reçoit les copains ? C’est comme ça qu’on accueille le<br />
Prince Charmant ? Vous ne me reconnaissez pas ?<br />
Souvenez-vous. Nestor. Le Prince Charmant. Le rigolo qui<br />
se prenait pour d’Artagnan. Elle me regarda <strong>de</strong> ses yeux