Pas de bavards à la Muette

— Oui. Mais ça le complique au lieu de l’éclaircir. À part
ça ?
— Eh bien, il reste l’avenue Henri-Martin. Vous savez,
le concierge du 101, celui qui s’est fait agresser. Roger
Zavatter s’en occupe, mais…
Je soupirai :
— Compris ! Avenue Henri-Martin, ce sera comme
avenue Foch – moi aussi, j’ai perdu mon temps –, rue
Nicolo et rue Jasmin. Quand je me mets à être mariolle,
moi alors ! Je suis aussi fortiche que feu Bénech. Ça ne fait
rien, ajoutai-je, grognon. Que Zavatter examine cette
agression de l’avenue Henri-Martin. Après tout, je le
casque, non ?
— Mais puisque je vous dis qu’il est dessus !
— Ça va. Quant à vous, venez me retrouver dare-dare.
Je me sens seul.
— Je me demande si je dois vous obéir, minauda la sale
petite moqueuse. Vous me parlez sur un ton ! Mon Dieu !
qu’allez-vous me faire ?
— Rien du tout. Je me sens incapable de faire quoi que
ce soit. Mais rappliquez tout de même. Tant pis pour la
déception.
Moins d’une demi-heure après, elle s’annonça,
pimpante et fraîche dans un deux-pièces clair, hautement
printanier. Elle était à croquer et je la détaillai avec
insistance.
— Je n’aime pas qu’on me déshabille du regard comme
ça, dit-elle, sans en penser un mot.
— Vous déshabiller ? Je me demande comment on
pourrait vous déshabiller. Regardez donc votre décolleté