Pas de bavards à la Muette

à la réforme. Rien pour moi nulle part, d’ailleurs. Qu’estce
que je croyais ?
J’avisai sur le dossier d’une chaise une jupe à carreaux
que je crus reconnaître. C’était celle que j’avais vue à
Suzanne, dans l’après-midi. Elle voisinait avec le
chemisier bleu auquel manquaient des boutons et un de
ces manteaux de pluie en soie noire, légers comme une
feuille de papier à cigarette. Le siège de la chaise
supportait les ballerines. Elle avait changé de vêtements
ici. Imper, jupe, chemisier et tatanes. Pas de culotte, pas
de soutien-gorge, pas de bas. Culotte et soutien-gorge
n’étaient pas indispensables, sous la fameuse robe à
surprises. Ils étaient même superflus. Mais les bas ?
L’éducation érotico-sentimentale de Marie-Chantal
comportait quelques lacunes.
Mes pas me conduisirent dans un cabinet de toilette,
en parfait état de marche. C’était un cabinet de toilettecave-bar.
Des bouteilles s’entassaient sous le lavabo.
Des bouteilles vides et deux à peine entamées. Du gin.
Je fis comme si je ne les voyais pas et retournai auprès de
Bénech, toujours figé dans l’attente des emballeurs de
chez Borniol.
Son teint s’ivoirait, approchant de la couleur de ses tifs.
Ses traits revêtaient une expression dure. Je me baissai
et le fouillai. J’aurais pu y songer plus tôt. Pour ce que je
tirai de l’opération, j’aurais très bien pu ne pas y songer
du tout. Ses poches recelaient un mouchoir, une clef, un
paquet de sèches, une boîte d’allumettes suédoises dans
un étui-réclame métallique, un calepin et un portefeuille.
Le calepin ne m’apprit rien. Il se composait surtout de