Pas de bavards à la Muette

CHAPITRE IV
NUE… COMME LA VÉRITÉ
Coup de flingue et hurlement provenaient de l’intérieur
du pavillon d’aspect si tranquille.
Les doigts de ma cliente se crispèrent sur ma main.
J’échappai à leur étreinte, mon automatique germa d’une
manière idem au bout de mon bras et je me précipitai.
Dès les premières enjambées, je butai contre une
marche pratiquée, pour le repos des asthmatiques, à micôte
de l’allée, manquai de m’étaler, redressai la situation
à l’aide d’une kyrielle de jurons appropriés, et repartis de
plus belle. Un arbrisseau me fouetta le visage de ses
branches et j’arrivai devant la porte de la maison sans
autre incident. J’ignore si elle était ouverte ou non. En
tout cas, elle ne résista pas à mon coup de targette. Un
remugle composite – odeurs de poussière, de renfermé et
d’humidité mêlées – m’accueillit, au seuil d’un vestibule
enténébré.
Pas si enténébré que ça, en y regardant mieux. Il fallait
que les fenêtres fussent aussi soigneusement calfeutrées
qu’en période de black-out pour que, de l’extérieur, aucun
rai de lumière ne soit visible, car, de la lumière, il y en
avait, en haut, dans une pièce de l’étage : une lumière
jaune qui léchait les derniers degrés d’un escalier de
chêne. Je courus en direction de cet escalier et l’escaladai
en vitesse. Mon élan me porta dans une sorte de chambre
que j’embrassai d’un coup d’œil…